C'est le consortium formé pour l'occasion de Pomerleau et d'Alberici qui va décrocher le très convoité contrat de construction de la nouvelle brasserie Molson Coors, dans l'arrondissement de Saint-Hubert, à Longueuil, a appris La Presse.

Pomerleau, de Saint-Georges-de-Beauce, 1,7 milliard de revenus en 2017, fait équipe avec Alberici, d'Oakville en Ontario, entrepreneur de niche avec des revenus de 133 millions l'an dernier. Les revenus déclarés sont tirés de la publication spécialisée On-Site Magazine.

Surnommé à l'interne chez Molson « Valley Project », pour la vallée du Saint-Laurent [la brasserie en construction en Colombie-Britannique est surnommée « Peak »], le chantier du nouveau complexe brassicole devrait durer trois ans, selon le document que La Presse a consulté, et employer, en période de pointe, jusqu'à 250 travailleurs. Le chantier sera gigantesque, la superficie des différents étages atteignant quelque 2 millions de pieds carrés.

Depuis la mi-juin, des équipes s'activent à préparer le terrain pour le début officiel des travaux qui devrait survenir plus tard cet été.

Le consortium a créé une entreprise, Pomerleau-Alberici SENC, spécialement pour l'occasion. Son enregistrement a été officialisé le 1er mai dernier.

Tant chez Molson Coors que chez Pomerleau, on se montrait avare de commentaires hier.

DES BOISSONS À BASE DE CANNABIS

La brasserie était en revanche disposée à parler de sa nouvelle coentreprise dans le domaine du cannabis.

L'institution fondée en 1786 s'associe avec Hydropothecary Corporation pour produire des boissons non alcoolisées à base de cannabis. Créé en 2013, le producteur de pot portera d'ici peu le nom d'Hexo.

L'annonce de ce mariage entre la bière et la marijuana a fait planer les deux titres boursiers. Hexo a pris 11 % et l'action de Molson Coors s'est appréciée de 3,5 %, en dépit de résultats trimestriels plutôt ternes.

Pour Hexo, un chouchou des spéculateurs, mais encore boudé par des investisseurs institutionnels comme la Caisse de dépôt, la nouvelle constitue une sorte de consécration, susceptible de donner au titre une aura de respectabilité qui lui manquait encore aux yeux de certains. Un pas important avait été franchi en ce sens en avril dernier quand la Société des alcools du Québec avait choisi Hexo comme fournisseur privilégié de cannabis.

« Nous sommes excités de travailler avec une institution emblématique telle que Molson, une compagnie Fortune 300 qui a été autour depuis des centaines d'années. C'est un privilège pour Hexo », a indiqué Sébastien St-Louis, chef de la direction et cofondateur d'Hexo, au cours d'une conférence téléphonique à laquelle participait également le président de Molson Coors Canada.

Molson Coors Canada détiendra 57,5 % de la future entreprise dont la raison sociale est encore inconnue.

Les partenaires envisagent de concevoir tant des produits avec des molécules de THC, la substance hallucinogène du cannabis, qu'avec des molécules de CBD, un cannabinoïde antidépresseur.

« Hexo peut offrir différents effets. On peut imaginer une gamme de produits avec des effets différents, comme des boissons avec du THC, mais aussi toute une gamme de boissons qui se tournerait vers le marché du bien-être avec du CBD et autres cannabinoïdes mineurs », affirme Sébastien St-Louis.

Les aliments et boissons à base de cannabis devraient être autorisés en 2019 par le fédéral. Mais leur vente sera-t-elle autorisée au Québec ? La Société québécoise du cannabis ne vendra pas d'aliments ou boissons à base de cannabis.

« La façon dont les produits consommables seront distribués va être déterminée par les provinces, a répondu Frederic Landtmeters, président et chef de la direction de Molson Coors Canada. Chez Molson, on a l'expérience d'un réseau de distribution public, privé et mixte. Pour nous, ça ne fait pas vraiment de différence. Le point principal, c'est que la décision de la légalisation a été prise par le fédéral. »

Molson Coors a déclaré un revenu de 3,1 milliards US au deuxième trimestre 2018, en baisse de 0,2 %. Les volumes sont en baisse de 2,4 %. Les ventes de la Coors Light déçoivent au Canada et aux États-Unis. Le bénéfice net par action se chiffre à 1,96 $ US, en hausse de 28,6 % en un an.

- Avec William Leclerc, La Presse