En imposant des tarifs de 25 % au porc américain, dimanche, la Chine a-t-elle créé une occasion pour les éleveurs de porc du Québec ? Pas si vite, modère leur association, en rappelant qu'à court terme, c'est plutôt une baisse de prix qui frappe ses membres.

Dimanche, la Chine a annoncé l'imposition de tarifs douaniers sur 128 catégories de produits en provenance des États-Unis, en guise de représailles aux tarifs sur l'acier et l'aluminium chinois imposés par l'administration de Donald Trump. La liste inclut de nombreux fruits et noix, peu produits au Québec, certains vins et différents types de tuyaux d'acier.

Mais surtout, elle impose les taux les plus sévères, 25 %, à des produits de porc. Cette viande était au troisième rang des produits québécois les plus exportés en Chine par le Québec (en valeur) en 2016, selon l'Institut de la statistique du Québec, avec des ventes de près de 250 millions de dollars.

PRIX À LA BAISSE

De là à croire que la porte est ouverte pour une augmentation des exportations québécoises de porc en Chine, il n'y a qu'un pas, que le directeur général des Éleveurs de porc du Québec, Jean Larose, se montre prudent à franchir.

« C'est sûr que ça peut finir par être une occasion, mais c'est difficile d'être affirmatif. » - Jean Larose

À court terme, les producteurs québécois souffrent plutôt de voir leurs prix de vente, basés sur ceux de la Bourse de Chicago, fondre. Des facteurs macroéconomiques, comme la forte hausse de la production américaine et des incertitudes sur les marchés d'exportation, avaient déjà fait passer le prix d'un porc à 9 $ sous son coût de production. En l'espace d'une semaine, la crainte d'une réplique chinoise aux tarifs annoncés par Donald Trump a creusé cet écart à 18 $.

À moyen terme, les Québécois ne seront pas les seuls à vouloir prendre la place des Américains, ajoute-t-il.

« Les Européens sont très agressifs sur ce marché aussi, il va falloir rivaliser contre eux. »

LE JAPON D'ABORD

L'appétit des producteurs québécois pour la Chine n'est pas nécessairement à son sommet non plus. Après y avoir atteint des niveaux record en 2016, les ventes ont reculé substantiellement en 2017, selon M. Larose. Une restructuration de la production locale chinoise, qui s'est convertie de la production familiale et artisanale vers un cadre plus professionnel, expliquerait une partie de cette baisse.

« Le marché chinois restera toujours intéressant parce qu'ils achètent beaucoup de coupes de second ordre, comme des têtes, des pattes, etc. », note M. Larose, tout en soulignant que les efforts de développement de marché se concentrent actuellement surtout sur le Japon, grand acheteur de produits de porc à valeur ajoutée pour lesquels la demande continue de croître.

Un projet-pilote a récemment vu le jour afin de tester l'intérêt des consommateurs chinois pour des produits plus haut de gamme.

« Si ça marche, ce sera très intéressant, mais ce n'est pas à court terme. »

EN CHIFFRES

Le porc du Québec

1900 fermes

3100 éleveurs

25 000 emplois

2,3 milliards de dollars de ventes à la ferme

1,6 milliard d'exportations (2016) dans 80 pays

70 % des porcs élevés et transformés au Québec sont exportés

Source : Les éleveurs de porc du Québec