Des perquisitions ont été menées mercredi sur cinq sites du géant français du lait Lactalis, notamment dans l'usine d'où sont sortis des lots de lait infantile contaminés à la salmonelle qui ont été distribués dans 83 pays.

Outre le siège social à Laval et l'usine Celia de Craon, dans la même région, trois autres sites du groupe étaient en cours de perquisition, selon le parquet de Paris.

«Je vous confirme que des enquêteurs sont sur les sites du groupe. Comme nous l'avions indiqué, Lactalis se met à disposition de la justice et apportera tous les éléments nécessaires au bon déroulement de l'enquête», a déclaré à l'AFP Michel Nalet, le porte-parole du groupe laitier.

Au total sur les cinq sites, des magistrats et 70 enquêteurs de la gendarmerie se sont rendus sur place, selon une source proche du dossier. Ces investigations ont lieu dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte à Paris le 22 décembre pour «tromperie aggravée par le danger pour la santé humaine» et «inexécution d'une procédure de retrait ou de rappel d'un produit» préjudiciable à la santé.

Trente-sept bébés ont été atteints de salmonellose en France après avoir consommé un produit d'alimentation infantile Lactalis infecté, selon un bilan au 11 janvier.

Lactalis s'est vu reprocher d'avoir manqué de transparence et a tardé à réagir après la détection de salmonelle dans son usine de Craon, lors d'autocontrôles réalisés en août et novembre.

C'est ensuite le rappel des lots de lait infantile en trois étapes en décembre qui a semé la zizanie. Le retrait s'est par ailleurs révélé incomplet, certains distributeurs ayant continué à vendre des produits potentiellement contaminés pendant plusieurs semaines.

À ce jour, selon le parquet, six plaintes ont été enregistrées au pôle santé publique du parquet de Paris, chargé de les centraliser. Le parquet s'attend à recevoir d'autres plaintes, actuellement traitées par les parquets locaux avant leur transmission au pôle spécialisé du parquet de Paris, selon une source proche du dossier.

«Conséquences néfastes»

À Laval, une douzaine de gendarmes ainsi que des fonctionnaires d'autres organismes de contrôle gouvernementaux étaient présents mercredi, a constaté un journaliste de l'AFP.

Une dizaine de véhicules avait pénétré dans le même temps, peu avant 09H30, sur le site de l'usine de Craon et des gendarmes avaient été postés en faction aux entrées, a constaté un photographe de l'AFP.

Tirant les leçons de cette affaire, le gouvernement français s'est engagé mardi à renforcer les contrôles sanitaires des entreprises agroalimentaires et à améliorer la procédure de retrait-rappel des produits, qui a particulièrement posé problème dans le cas de Lactalis.

Le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert a annoncé vouloir «un cadre juridique renforcé» pour obliger les entreprises à transmettre à l'État les résultats de contrôles défavorables, que ce soit sur les produits ou l'environnement, dès lors qu'ils peuvent avoir des «conséquences néfastes» sur la santé publique.

Le ministre a également annoncé un «plan de contrôle spécifique» en trois mois des sites de production de produits laitiers infantiles, soit une centaine d'établissements.

Lactalis s'est vu reprocher d'avoir manqué de transparence et tardé à réagir après la détection de salmonelle dans son usine de Craon, lors d'autocontrôles réalisés en août et novembre. Cette contamination, qui concernait seulement l'environnement du site et non les produits, n'a été révélée au public que début décembre.

Le rappel des lots de lait infantile en trois étapes en décembre a ensuite déclenché la polémique, d'autant que certains distributeurs ont continué à vendre des produits potentiellement contaminés pendant plusieurs semaines.

Le rappel a été élargi le 12 janvier à tous les lots de lait infantile produits à Craon.