Le porc d'ici est de plus en plus populaire dans les assiettes chinoises : les exportations de porc québécois vers la Chine ont triplé entre 2015 et 2016. Et la hausse se poursuit.

De janvier à mars 2017, 37 % du porc québécois exporté est parti pour la Chine, Taiwan et Hong Kong exclus. Pour l'ensemble de l'année 2015, c'est 13 % du porc québécois exporté qui est parti en Chine. En quantité de viande, la Chine est donc devenue la principale destination du porc québécois.

En valeur, c'est toujours les États-Unis qui sont notre principal partenaire commercial pour les exportations de porc.

C'est une différence de goûts qui explique cette inéquation entre la quantité et la valeur de la viande exportée. « La Chine importe un ensemble de sous-produits que les abattoirs d'ici valorisent plus difficilement parce que c'est moins populaire dans nos cuisines et dans nos habitudes alimentaires », explique Richard Davies, vice-président principal, ventes et marketing chez Olymel, principal exportateur de porc du Québec.

PAR EXEMPLE ?

Des têtes de porc, des abats, des pieds, des jarrets et des os, précise Richard Davies qui ajoute que depuis trois ans, les Chinois se sont aussi mis à acheter des pièces de valeur qu'ils n'avaient pas l'habitude d'importer. Des fesses, par exemple.

Une restructuration de l'industrie porcine chinoise expliquerait cette importante augmentation des exportations de porc québécois, souligne Jean Larose, directeur général des Éleveurs de porc du Québec.

La Chine a augmenté ses exigences sanitaires, dit-il, ce qui aurait mis fin à tout un pan de la production qui ne répondait pas aux nouveaux critères. Cela a donc réduit la production en Chine.

« Parallèlement, la consommation de porc continue d'augmenter. C'est encore la viande la plus populaire en Chine. »

- Jean Larose

RACTOPAMINE

Dans ce contexte, la découverte de ractopamine dans du porc québécois en Chine pourrait-elle refroidir cet intérêt des Chinois pour la viande produite chez nous ?

Pas du tout, estime-t-on chez les Éleveurs de porcs du Québec. Le syndicat de producteurs traite cette histoire comme un incident isolé.

Rappelons que lundi, l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) a été avisée par l'ambassade du Canada en Chine qu'une cargaison de pieds de porc québécois contenait des traces de ractopamine.

Le porc provenait de l'usine d'Olymel de Vallée-Jonction. La ractopamine est un médicament utilisé par les éleveurs pour favoriser la croissance des muscles des animaux. En 2015, l'industrie porcine canadienne a cessé totalement de l'utiliser, car certains pays ne voulaient plus de viande provenant d'animaux qui avaient été élevés avec de la ractopamine. C'est le cas de l'Union européenne et de la Chine.

« On essaie d'identifier la source du problème », explique Jean Larose. Selon le directeur général des Éleveurs de porcs du Québec, la petite quantité de médicament qui a été détectée ferait croire à une erreur humaine ayant mené à une contamination croisée, plutôt qu'à une utilisation frauduleuse intentionnelle de la part d'un éleveur québécois. Les agriculteurs qui utilisent la ractopamine, dans l'alimentation du boeuf par exemple, doivent détenir une ordonnance d'un vétérinaire.

La Chine a stoppé les importations de porc provenant de l'usine Olymel de Vallée-Jonction et l'interdiction est toujours valide. Toutefois, explique Richard Vigneault, porte-parole d'Olymel, le porc des autres usines Olymel est toujours exporté en Chine.

Exportations de porc québécois (en quantité)

Total : 571 millions de kilos (dont 189 millions de kilos en Chine et 179 millions de kilos aux États-Unis)

Exportations de porc québécois en 2017, selon la destination (en valeur)

États-Unis : 38 %

Chine : 23 %

Japon : 22 %

Autres pays : 17 %

* Pour les trois premiers mois de 2017

Source : Les Éleveurs de porcs du Québec