L'abracadabrante histoire d'Inocucor, une jeune entreprise montréalaise d'une trentaine d'employés, se poursuit. Fondée autour d'un produit conçu pour améliorer le jardin de ses fondatrices, elle vient d'attirer des dizaines de millions de dollars en provenance du propriétaire du Cirque du Soleil, TPG Capital.

Inocucor a annoncé il y a quelques jours la clôture d'une ronde de financement de 38,8 millions de dollars auprès de TPG, mais aussi de Desjardins et du fonds montréalais Cycle Capital, le premier à y avoir investi.

L'investissement est massif. Depuis 2010, seules 13 autres entreprises spécialisées dans les technologies propres ont bouclé un financement supérieur à 15 millions de dollars, relève la fondatrice de Cycle Capital, Andrée-Lise Méthot.

C'est en Estrie, en 2007, qu'Ananda Lynn Fitzsimmons et Margaret Bywater-Ekegärd, deux femmes d'âge mûr pas particulièrement spécialisées dans l'agriculture ou la chimie, ont conçu un nouveau type d'engrais qui allait un jour permettre la mise sur pied d'Inocucor.

« On s'approche de l'histoire du garage ou, si vous me permettez une touche plus féminine, de la cuisine. »

- Andrée-Lise Méthot, fondatrice de Cycle Capital

C'est d'abord et avant tout pour améliorer la production de leur jardin sans recourir à des engrais chimiques, qu'elles avaient en horreur, que les deux femmes ont mitonné un amendement de sol particulier.

Ce n'est que quelques années plus tard qu'elles ont pensé en faire une entreprise.

« Progressivement, elles ont vu la force de ce qu'elles avaient trouvé et elles sont venues nous voir avec ça. Elles avaient déjà lancé une petite entreprise, mais elles avaient besoin d'ordre. »

EXPERTISE INTERNATIONALE

Mme Méthot et son partenaire Claude Vachet se sont notamment assurés de protéger leur propriété intellectuelle, puis de leur trouver un président expérimenté. Ce fut Donald Marvin, un Américain originaire du Colorado. Le niveau d'expertise au sein de l'entreprise n'a cessé de croître depuis.

Le conseil d'administration d'Inocucor inclut notamment James Blome, président et chef de la direction de Bayer CropScience, celui-là même qui tente d'obtenir les autorisations réglementaires pour l'acquisition du controversé géant Monsanto, au coût de 66 milliards de dollars américains.

« Il fait ça et il vient ici, à Saint-Laurent, pour participer à nos réunions », s'émerveille Mme Méthot.

Selon M. Marvin, le produit d'Inocucor, dont on vient de changer le nom pour Synergro, permet d'améliorer de 10 % à 40 % la production des récoltes de légumes, selon le type de légumes. Le brocoli serait le plus réactif, à 40 % et plus. Les fraises (30 %), les melons et les tomates (de 20 à 25 %) l'apprécieraient aussi particulièrement.

Le Synergro est certifié dans une vingtaine d'États américains, notamment la Californie. Il a reçu sa certification canadienne en décembre dernier. Les nouvelles sommes obtenues devraient permettre d'accélérer sa commercialisation.

Inocucor représente évidemment le meilleur coup jusqu'ici pour Cycle Capital, mais il n'y a pas que ça. L'expérience a notamment mené à la mise sur pied de l'accélérateur Ecofuel, spécialisé dans les entreprises en technologies vertes.

« Ce qu'on a fait avec Inocucor, c'est ce qu'on essaie de faire avec les 13 autres entreprises qui sont dans notre portefeuille présentement », dit Mme Méthot.