« En 40 ans de production, ça ne m'était jamais arrivé de bouillir le 19 février avec une eau d'érable sucrée comme à la fin mars ! »

Marcel Desgroseillers, copropriétaire de la cabane à sucre Domaine La Branche, à Saint-Isidore, en Montérégie, n'a cependant pas été pris de court. Ses arbres étaient déjà entaillés, prêts à donner de leur précieuse eau d'érable.

La question profane par excellence : et ça, cette coulée hâtive, ce temps exceptionnellement doux, samedi, c'est bon ou c'est mauvais ?

« Tant que le temps doux ne persiste qu'une journée ou deux, ça ne cause pas de dégâts. Ça n'a rien à voir avec ce qui est arrivé en 1981, quand les érables ont carrément bourgeonné », rappelle Marcel Desgroseillers.

De fait, ce que redoutent le plus les acériculteurs, ce sont plusieurs jours doux consécutifs qui déclenchent la photosynthèse de l'arbre et donnent un mauvais goût au sirop.

« Là, on n'est pas du tout là-dedans, poursuit M. Desgroseillers. Tant qu'il y a gel la nuit, entre - 4 ou - 5 °C, et que le mercure monte entre 5 et 10 °C le lendemain, c'est favorable à une bonne coulée. »

L'ennui, c'est cette pluie de la fin de semaine, qui n'a pas tant nui aux érables qu'au décor. « On n'a plus de neige du tout, mais ça va sûrement revenir. »

La cabane à sucre Lefebvre, située à Saint-Benoît, au nord-ouest de Montréal, a fait ses premiers repas le 17 février, « et ça fait déjà deux fois que l'on fait bouillir », note Élise Lefebvre, qui fait partie des associés de l'entreprise.

Mme Lefebvre croit qu'environ 10 % de la production a déjà été récoltée.

Elle espère maintenant qu'il ne fera pas trop froid au cours des prochaines semaines, « parce que quand il fait moins de 10 °C, les gens n'ont pas trop le goût de venir à la cabane à sucre ».

Tout cela, c'est le portrait dans la région de Montréal, qui a vu le printemps se montrer le nez. « Mais ailleurs dans la province, on est encore en plein hiver, le portrait est tout autre », fait remarquer Simon Trépanier, directeur général de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec. 

Il est encore trop tôt pour prédire si la saison sera bonne ou pas. « En moyenne, on a 25 jours de coulée par an. Au-delà de 30 jours, c'est une grosse année. »

Il confirme cependant que le temps doux de samedi n'a pas causé de tort. « La quantité de soleil est encore minimale », note-t-il. 

Eh oui, comme la marmotte, l'érable peut se réveiller, puis se rendormir...

- Avec la collaboration de Stéphanie Bérubé