S'il y a une chose qui nous a marqués collectivement l'hiver dernier, c'est bien le prix exorbitant des fruits et légumes. Particulièrement le fameux chou-fleur. Doit-on s'attendre à vivre le même genre de choc au cours des prochains mois en mettant le pied au supermarché ?

« Présentement, il y a tellement d'abondance que les prix sont à terre. Même avec le taux de change, ce n'est vraiment pas le même hiver que l'an dernier », répond spontanément Joe Lavorato, copropriétaire du grossiste Gaétan Bono.

« C'est le jour et la nuit. L'an dernier, les prix étaient 20 à 25 % plus hauts », renchérit Guy Milette, vice-président international et développement des affaires chez Courchesne Larose, un autre importateur-distributeur québécois.

Aucun des deux hommes n'est devin, évidemment. Mais ils cumulent pas moins de 75 ans d'expérience en matière de prix au rayon des fruits et légumes. Ils ont donc vu tous les types d'hiver possibles. Et pour le moment, ils ne voient pas ce qui pourrait renverser la tendance. Les prix vont demeurer bas, prévoient-ils.

Car les conditions météo sont favorables aux récoltes partout, que ce soit au Mexique, en Floride ou en Californie. Il n'y a actuellement ni sécheresse, ni inondations, ni gel qui pourraient nuire aux productions agricoles à court ou moyen terme.

APRÈS LA PLUIE ET LE GEL... LE BEAU TEMPS

Bref, c'est tout le contraire de l'an dernier, où le phénomène météorologique El Niño avait bousillé une bonne partie des récoltes à plusieurs endroits. Ou empêchait carrément les agriculteurs de cueillir leurs fruits et légumes. 

« On pointait le dollar canadien, mais il n'était responsable que d'un cinquième de la hausse. » - Guy Milette, à propos du prix élevé de certains légumes l'an passé à pareille date

Cette année, les prix reviennent donc à la normale, dit-il, grâce à « l'abondance dans tout ».

Cette disponibilité dans le marché est telle en ce moment que Joe Lavorato a l'impression que le Mexique « a planté deux fois plus [de légumes] cette année ». Ce qui contribue à la baisse des prix, particulièrement ceux des légumes verts, comme le brocoli, les courgettes et les poivrons verts.

ET LES FRUITS ?

En ce qui concerne les fruits, l'écart de prix sera moins frappant pour les consommateurs. Par rapport aux légumes, de nombreux fruits sont moins sensibles aux effets des conditions météo, de sorte qu'en moyenne, il y a moins de volatilité dans les prix, explique Guy Milette. « La courbe est plus douce », résume-t-il.

Les pommes, par exemple, sont entreposées à partir de l'automne, les agrumes peuvent être cueillis malgré quelques jours de pluie, idem pour les mangues. « Par contre, dans la salade et le zucchini, il y a deux ou trois jours de pluie et le prix bondit », note-t-il.

On se rappellera quand même que les raisins étaient particulièrement chers l'hiver dernier. Même chose pour les fraises et cerises. Les mangues, qui avaient froid, n'étaient pas données non plus.

PHOTO Christelle Tanielian, Archives La Presse

Le prix du chou-fleur est actuellement de 3 $ à 5 $ l'unité.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le prix du céleri est actuellement de 2 $ à 2,50 $ l'unité.