Philippe Couillard «ne croit pas» aux cas d'agriculteurs étranglés par la hausse vertigineuse de leurs taxes foncières rapportés notamment par l'opposition.

Il demande aux producteurs agricoles touchés de transmettre au gouvernement leurs comptes de taxes des trois dernières années pour bien les étudier.

Des agriculteurs et leur syndicat, l'Union des producteurs agricoles (UPA), soutiennent actuellement que le Programme de crédit de taxes foncières agricoles du gouvernement ne suffit plus pour atténuer la hausse de leurs comptes de taxes municipales, particulièrement dans les zones partiellement urbaines comme la Montérégie.

L'opposition officielle soutient que pas moins de 83% des agriculteurs vont encaisser des augmentations moyennes de 30 à 40% de leurs taxes foncières.

En point de presse, mardi, à la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Marrakech, au Maroc, le premier ministre a demandé à voir les cas précis d'augmentation pour les étudier.

«On ne croit pas qu'il existe des cas avec des augmentations si importantes, a-t-il déclaré. On voudrait voir d'où cela vient? Est-ce que cela vient d'augmentations de valeur foncière des terres ou d'autres éléments sont-ils entrés en jeu? À notre avis, tout cela demeure dans les limites de ce qui est très raisonnable.»

Il a reconnu toutefois qu'il serait logique que les producteurs agricoles près des grandes zones urbaines soient davantage touchés puisque c'est là où la valeur foncière augmente le plus rapidement.

Cependant, M. Couillard a fait valoir que l'enveloppe dédiée au Programme de crédit de taxes foncières agricoles augmente continuellement.

Le ministre de l'Agriculture, Pierre Paradis, a rappelé récemment que le budget du programme passera de 145,5 millions $ cette année à 168 millions $ dans cinq ans.

Rappelons que le gouvernement a annoncé en mars dernier qu'il procéderait à une réforme administrative du Programme de crédit de taxes foncières agricoles et qu'il en transférerait la gestion à Revenu Québec.

Le Programme a pour objet d'aider financièrement les propriétaires d'exploitations agricoles enregistrées afin de compenser les investissements importants que les activités agricoles exigent par rapport aux autres secteurs de l'économie.

L'UPA s'est dite étonnée de la réaction du premier ministre.

«Notre évaluation des changements annoncés est sans équivoque et nous sommes prêts à en faire la démonstration au premier ministre», a déclaré par communiqué le président général du syndicat, Marcel Groleau.

L'UPA affirme avoir été «surprise d'entendre le premier ministre demander que des cas concrets lui soient transmis, alors que toutes les informations pertinentes sont déjà à la disposition des instances gouvernementales concernées. Cela laisse croire qu'aucune étude d'impact n'a été effectuée, ce qui est particulièrement inquiétant.»