Trois mois après s'être placée sous la protection de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité, la chaîne Jardins Val-Mont vient d'être rachetée par La Ferme Régis, qui a pignon sur rue à Notre-Dame-des-Prairies. Cette dernière met la main sur les trois succursales encore ouvertes de l'entreprise à Boucherville et sur le Plateau Mont-Royal.

La dernière année a été difficile pour Jardins Val-Mont, qui a dû se résigner à mettre la clé sous la porte de son magasin gastronomique du quartier DIX30, seulement un an après son ouverture. Plusieurs millions avaient été investis dans l'aventure. L'entreprise a déjà compté huit magasins dans la grande région de Montréal.

« Le marché des fruiteries est très difficile au Québec. Les grandes surfaces ont grandement amélioré leur offre. Et en plus, il y a une guerre de prix. Le concept du DIX30 était là pour concurrencer cela, mais il n'y a pas de marché pour ce type de magasin au Québec », affirme Éric Fortin, qui avait acheté Jardins Val-Mont en 2008.

Au moment de se placer sous la protection de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité au mois de mars, l'entreprise de M. Fortin devait 14,8 millions à ses créanciers, dont 14,5 millions à son père Richard Fortin, cofondateur de Couche-Tard.

« Je suis content d'avoir vendu les trois magasins, surtout celui de Boucherville. D'abord pour conserver les emplois, mais aussi parce que c'est un magasin qui est apprécié dans son milieu. [...] J'aurais pu continuer avec ces magasins, mais j'ai décidé de vendre », ajoute M. Fortin.

UN MAGASIN, PUIS QUINZE

Pour La Ferme Régis et son propriétaire Mario Vanier, cette acquisition porte à 14 le nombre de magasins d'alimentation achetés au cours de la dernière année, qui s'ajoutent à son magasin de 50 000 pi2 de Notre-Dame-des-Prairies. Une expansion aussi rapide qu'imprévue. 

« Ce sont des occasions d'affaires qui se présentent. Si vous m'aviez demandé l'année dernière si je voulais prendre de l'expansion de cette façon, je vous aurais dit non », souligne M. Vanier.

En juin dernier, M. Vanier, qui est actif dans le secteur des fruits et légumes depuis près de 40 ans, s'est porté acquéreur des actifs du Groupe Épicia, qui s'était aussi placé sous la protection de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité. Le groupe comptait 11 magasins réunis sous 4 enseignes en Mauricie, en Estrie, en Montérégie, au Saguenay et à Québec. Les quelque 400 emplois en succursale ont pu être sauvegardés.

Le nouveau propriétaire des Jardins Val-Mont espère faire la même chose avec les employés de ses nouveaux magasins : « Dans l'immédiat, je m'attends à garder un maximum d'emplois. Mais dans le cadre d'une saine gestion, tous les gestes qui doivent être posés le seront », affirme M. Vanier, qui préfère ne pas divulguer le montant de la transaction.

Pour le moment, les clients de Val-Mont ne devraient pas percevoir de grandes différences, à part peut-être des prix réduits sur certains articles. « Leur modèle d'affaires est intéressant, et nous pensons que notre façon de fonctionner peut faire une différence », explique M. Vanier, qui rappelle que les deux succursales Val-Mont sur l'avenue du Mont-Royal sont en bonne santé financière et bien implantées dans le quartier.

« Traditionnellement, dans le créneau des fruits et légumes, on disait que le prix importait peu et qu'il n'y avait que la qualité qui comptait. Aujourd'hui, les clients veulent encore des produits distinctifs, mais à un prix plus raisonnable, et surtout plus adapté à la réalité économique actuelle. »