Burger King, la marque au «Whopper», revenue dans l'Hexagone en 2013 en s'associant avec le groupe familial français Bertrand (Lipp, Angelina), pourrait avaler le roi du «Giant», Quick, et devenir le numéro deux de la restauration rapide en France.

Le groupe Bertrand, actionnaire majoritaire de «Burger King France», la coentreprise créée avec l'enseigne américaine, exploite déjà 25 restaurants-minute en France, et a annoncé être entré en «négociations exclusives» pour acquérir Quick auprès de Qualium Investissement (groupe CDC).

Si la vente est conclue, les près de 400 Quick de France passeraient progressivement sous enseigne Burger King, tandis qu'un peu plus de 100 établissements exploités à l'étranger, notamment en Belgique et au Luxembourg, conserveraient la marque Quick.

L'opération, qui reste soumise à l'avis des représentants du personnel et des autorités de la concurrence, pourrait être finalisée d'ici la fin de l'année, selon le groupe.

Elle ferait de Burger King le numéro deux du marché de la restauration rapide en France, derrière McDonald's, qui règne sur le secteur avec 1340 établissements.

«C'est un projet de développement qui combine la force du réseau de Quick avec l'attractivité de la marque Burger King», a-t-on précisé chez Quick, soulignant que s'il devait y avoir «un projet de fermeture pour un ou deux restaurants», ce serait «indépendant du projet d'acquisition».

«Nous sommes convaincus que la conjugaison de tous les talents des deux groupes Burger King et Quick permettra de dessiner un nouveau paysage de la restauration rapide en France dans les prochaines années», a déclaré Olivier Bertrand, président du groupe Bertrand, cité dans le communiqué.

Solidité financière

«Les discussions que nous avons engagées avec le groupe Bertrand devraient permettre d'aboutir à un projet d'entreprise solide avec de réelles perspectives de développement pour créer un nouvel acteur majeur de la restauration», a déclaré de son côté Jean Eichenlaub, président de Qualium Investissement, qui accompagnait Quick depuis 2007.

Depuis son retour en France il y a deux ans après seize ans d'absence, finement orchestré grâce à de nombreuses opérations de communication, Burger King a ouvert 25 restaurants et prévoit d'en ouvrir plus de 25 autres d'ici fin 2015, puis 60 en 2016. Le nombre d'ouvertures est toutefois inférieur au calendrier prévu au départ, à savoir 25 établissements en 2014.

McDonald's a réagi à cette opération par un trait d'humour sur son compte Facebook, faisant de la mascotte de Burger King un personnage de sa campagne publicitaire «Venez comme vous êtes».

Pour Bernard Boutboul, directeur du cabinet Gira conseil, cette annonce est plutôt étonnante. «Il va falloir investir plus d'un milliard d'euros pour racheter Quick et réaliser les travaux, or le groupe Bertrand n'a pas les reins assez solides pour cela», commente-t-il.

De plus, «dans une période où le burger monte en gamme et où le marché du burger n'est pas extraordinaire pour le restaurant-minute, je ne comprends pas un tel niveau d'investissements», ajoute-t-il.

Nicolas Nouchi, du cabinet CHD Expert, est tout aussi étonné. «C'est petit à petit la suppression d'un acteur en trop sur le marché du restaurant-minute français, mais je ne pensais pas que le groupe Bertrand avait l'envergure pour ce genre de choses», souligne-t-il, tout en s'interrogeant sur la pérennité de la coexistence à terme avec McDonald's, l'autre géant du burger. «Burger King a le vent en poupe aujourd'hui mais quand il aura plus de 400 restaurants sous enseigne en France, réussira-t-il à maintenir le même intérêt vis-à-vis du consommateur?», se demande-t-il.

En 2006, Qualium, alors baptisée CDC Capital Investissement, avait racheté Quick au milliardaire belge Albert Frère, pour un prix compris entre 750 et 800 millions d'euros.

Depuis, la revente du numéro deux de la restauration rapide en France avait fait régulièrement l'objet de rumeurs. Plusieurs fonds d'investissement européens et américains avaient confirmé à l'AFP en juin être intéressés par le rachat de Quick.

Quick possède 397 restaurants en France (384 hors DOM-TOM), où travaillent 19 000 collaborateurs. Il a réalisé l'an dernier 1,029 milliard d'euros de chiffre d'affaires, dont 818 millions d'euros en France.