L'agrochimiste suisse Syngenta a reçu une seconde lettre de son rival américain Monsanto, dont il a déjà rejeté une offre de reprise début mai, et continue de repousser sa proposition, a-t-il annoncé lundi.

Dans cette seconde lettre, que le groupe suisse a publiée, a-t-il indiqué, par souci de «transparence», Monsanto a réitéré les termes de son offre, proposant toujours 449 francs suisses par action, mais a ajouté une indemnité dite de «rupture inverse» de 2 milliards de dollars.

Cette indemnité, payable dans l'hypothèse où la transaction ne pourrait pas être réalisée pour des questions de droits de la concurrence, est l'une des plus élevées jamais consentie par une entreprise, a fait valoir le groupe américain dans sa lettre.

Syngenta a de nouveau rejeté l'offre de Monsanto, estimant que le prix offert était «inadéquat».

Le groupe a également souligné que l'hypothèse selon laquelle la transaction pourrait être annoncée, mais pas consommée causerait un tort «significatif» à l'entreprise, ce qui suppose une évaluation prudente des risques et de définir une voie claire pour boucler l'opération.

Syngenta a qualifié l'indemnité proposée de «dérisoire» par rapport à ce qui se fait dans des transactions impliquant un tel niveau de risques au niveau réglementaire.

Le groupe suisse a ajouté qu'il ne pensait pas qu'une série de cessions d'activités seraient suffisantes pour régler les questions réglementaires.

Une reprise de Syngenta par Monsanto ferait émerger un géant des produits agricoles et, compte tenu du poids que cette opération lui conférerait, le groupe américain avait suggéré qu'une partie des semences du portefeuille de Syngenta puissent être vendues afin d'obtenir le feu vert des autorités de la concurrence.

L'agrochimiste suisse est actif dans les semences notamment de maïs et de soja, mais aussi dans les produits de protection des cultures, tels que les herbicides et fongicides.

Syngenta avait déjà rejeté début mai une offre de Monsanto, estimant qu'elle était sous-évaluée par rapport à son potentiel de croissance. Depuis, les conseillers des deux groupes se sont rencontrés à trois reprises, a-t-il précisé dans le communiqué.

Ces réunions ont renforcé son sentiment concernant l'évaluation des risques alors que «Monsanto n'a fait aucune tentative pour répondre sérieusement à ces inquiétudes», a affirmé le groupe bâlois.

Vers 5h00, le titre perdait 0,68% à 410 francs suisses alors que l'indice SMI des valeurs vedettes de la place suisse se repliait de 0,23%.

Depuis le rejet de la première approche de Monsanto, de nombreux analystes tablent sur un relèvement de l'offre aux alentours de 500 francs suisses par action. Les rumeurs de marché ont également évoqué récemment un intérêt de l'allemand BASF qui ouvrirait la perspective d'une guerre d'enchères.

Selon Markus Mayer, analyste chez Baader Helvea, cette deuxième offre et ce deuxième rejet ne marquent «pas la fin de cette saga de reprise».

«Nous voyons le fait que Monsanto soit revenu relativement rapidement comme un bon signe pour une autre offre (améliorée) qui serait suffisamment intéressante pour la direction de Syngenta et ses actionnaires», a-t-il expliqué dans une note.

Monsanto semble confiant sur le fait qu'il pourrait obtenir un bon prix pour les activités de semences de Syngenta, a-t-il également relevé, soulignant que BASF ressort, à ses yeux, comme l'acquéreur «le plus évident».