Les prix des matières premières alimentaires ont progressé cette semaine, le sucre et le café étant dopés par une baisse de l'offre brésilienne tandis que le cacao reprenait le chemin de la hausse après quelques semaines de chute.

Le sucre bondit après le ralentissement de la récolte brésilienne

Les prix du sucre ont bondi cette semaine, portés par un fort ralentissement de la récolte de canne à sucre au Brésil, premier producteur mondial, et des craintes quant à la perspective d'un évènement climatique El Niño.

Le cours du sucre brut échangé à New York est monté mercredi à un plus haut en deux mois (à 18,28 cents la livre) tandis que le prix du sucre blanc coté à Londres a atteint jeudi son niveau le plus élevé en cinq mois et demi (à 495,90 dollars la tonne).

Les cours du sucre ont commencé leur ascension mardi, après que l'association professionnelle Unica a fait part d'une chute de près de 26 % de la récolte de canne à sucre dans la région Centre-sud du Brésil lors de la deuxième quinzaine d'avril, par rapport à la même période l'année dernière.

«Bien que ce soit encore très tôt dans le processus de récolte (qui a commencé début avril, ndlr), cette statistique est arrivée alors que le marché était prêt pour un rebond technique», a expliqué Sterling Smith, analyste chez Citi.

Le marché anticipe également que la canne à sucre soit prioritairement transformée en éthanol plutôt qu'en sucre, a expliqué Nick Penney, analyste chez Sucden.

Depuis le début de la récolte brésilienne, 35,69 % de la canne récoltée est devenue du sucre - contre 39,36 % à la même date l'an dernier. Les 64,31 % restants ont été transformés en éthanol, qui sert de carburant.

Enfin, les opérateurs ont aussi à l'esprit «une potentielle période pluvieuse au cours de la récolte causée par un phénomène El Niño, dont l'apparition est largement anticipée, et qui retarderait la production de sucre», a ajouté M. Penney.

El Niño se traduit par un réchauffement des eaux de surface de l'océan Pacifique central et oriental et provoque généralement un temps plus sec que d'habitude en Asie et plus humide que de coutume en Amérique latine.

Le café se redresse après des projections de moindre récolte au Brésil

Les cours du café ont hésité en début de semaine, en l'absence de nouvelles fraîches, avant de rebondir à partir de jeudi, à la suite d'une révision en baisse de la récolte de café au Brésil, premier producteur mondial.

Dans un contexte où «le marché est affamé d'informations nouvelles et (où) il y a plus de questions que de réponses sur la taille de la récolte à venir, les éléments techniques et la volatilité sont les principaux facteurs d'évolution» des prix du café, a signalé mercredi M. Smith.

L'arabica est ainsi tombé lundi à son plus bas niveau depuis un mois et demi, à 182,75 cents la livre, tandis que le robusta a chuté mercredi à 2072 dollars la tonne, son minimum depuis un mois.

Les prix ont finalement pris le chemin de la hausse jeudi, après que la Conab, une agence du ministère brésilien de l'Agriculture, a révisé en baisse sa prévision de récolte caféière au Brésil en 2014.

La production brésilienne devrait ainsi se monter à 44,6 millions de sacs de 60 kilos (32,2 millions d'arabica et 12,3 millions de robusta), soit 9,33 % de moins qu'en 2013. La première estimation de la Conab visait une récolte comprise entre 46,53 et 50,15 millions de sacs.

Les cultures de café au Brésil ont été très affectées par une sécheresse exceptionnelle en janvier et février, qui a empêché le bon développement des fruits des caféiers.

Le cacao reprend le chemin de la hausse

Les cours du cacao se sont retournés cette semaine, «des achats à bon compte combinés à des couvertures de positions à découvert ayant sorti le marché de la tendance baissière qui s'était installée depuis mi-avril», a expliqué M. Smith.

Ce rebond s'est effectué à partir de mardi, après que les prix de la fève brune ont atteint lundi des plus bas depuis trois mois et demi à Londres (à 1753 livres sterling la tonne) et depuis deux mois à New York (à 2853 dollars la tonne).

Les cours du cacao ont beaucoup augmenté depuis le début de l'année dernière, dans un marché où la progression de l'offre est faible tandis que la demande est vigoureuse. Le marché mondial du cacao a été en déficit d'offre en 2012/2013 et devrait le rester jusqu'à la saison 2018/2019 selon l'Organisation internationale du cacao (ICCO).