Le PDG de Saputo a clarifié hier les raisons pour lesquelles il souhaite mettre la main sur le producteur laitier australien Warrnambool, alors que l'entreprise montréalaise possède déjà des installations en Argentine et aux États-Unis pour exporter ses produits.

La plateforme australienne n'est pas convoitée dans le but exclusif de desservir le marché asiatique.

«On vend présentement nos produits laitiers dans une cinquantaine de pays à travers le monde. Il y a plus de pays importateurs nets que de pays exportateurs. L'Australie est un exportateur net et c'est ce qui est intéressant à nos yeux», dit Lino Saputo, Jr.

«Ça nous donnerait plus de flexibilité au niveau du volume, ça nous donnerait d'autres types de produits et une meilleure proximité avec certains marchés. Très simplement, ça donnerait un autre outil à nos vendeurs pour offrir des produits d'un autre pays.»

Il précise que 85 % des coûts de production chez Saputo proviennent de la matière première et que si l'entreprise se trouvait à la fois dans des pays comme l'Argentine, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, où les prix du lait sont déterminés à l'international, les coûts seraient mieux alignés avec les marchés internationaux.

Le marché américain fonctionne de façon différente. Les pratiques et la réglementation en vigueur aux États-Unis sont davantage fonction du marché intérieur. À certains moments durant l'année, le marché américain peut se situer au même niveau que le marché international. À d'autres moments, par contre, il peut être à un prix supérieur, ce qui place Saputo hors marché.

La relation de Saputo avec l'Australie remonte maintenant à une dizaine d'années. Pour bâtir ses liens avec Warrnambool, Lino Saputo, Jr. s'est rendu en Australie à une dizaine de reprises au fil des ans, dont deux fois depuis un mois.

Il espère y retourner bientôt. Ça dépendra de l'évolution des choses. «J'espère avoir l'obligation d'y retourner», dit-il.

L'analyste Michael Van Aelst, de la TD, soutient que Saputo aurait fait une proposition à Warrnambool il y a trois ans et qu'elle aurait laissé tomber en voyant que le conseil d'administration ne l'appuyait pas.

Lorsqu'on lui rapporte ces allégations, le grand patron de Saputo affirme que c'est de la spéculation et il refuse de les commenter.

Warrnambool fait l'objet d'une bataille à trois entre Saputo, le producteur laitier australien Bega Cheese et la coopérative australienne Murray Goulburn.

Depuis que Saputo a déposé une offre initiale le 7 octobre avant de la bonifier deux semaines plus tard, deux événements-surprises sont survenus pour mêler les cartes.

Lion, une filiale australienne du conglomérat japonais Kirin, a fait l'acquisition d'une participation de 10 % dans Warrnambool, et la coopérative néo-zélandaise Fonterra a acheté une participation de 5 % dans Bega.

Bega et Murray Goulburn sont les principaux actionnaires de Warrnambool avec, respectivement, 18 et 17 % des actions.

Quand on lui a demandé s'il avait discuté avec des gens de Bega, Murray Goulburn, Lion ou Fonterra, Lino Saputo, Jr., a préféré ne pas commenter.

Et est-ce que Bega, une entreprise inscrite à la Bourse d'Australie au même titre que Warrnambool, pourrait être intéressante pour Saputo? «Pour le moment, nous portons notre attention sur Warrnambool et c'est notre priorité», dit-il.

Lino Saputo, Jr. indique par ailleurs que Saputo n'a pas acheté une seule action de Warrnambool ni de Bega parce que l'approche envers Warrnambool est «amicale», non hostile.

Résultats inférieurs aux attentes

Saputo a par ailleurs dévoilé hier une performance financière inférieure aux attentes des marchés pour les mois de juillet, août et septembre, alors que la compagnie poursuit l'intégration des activités de Morningstar Foods aux États-Unis.

Si les revenus consolidés de 2,2 milliards sont relativement conformes aux prévisions des analystes, le bénéfice d'exploitation et le bénéfice par action ont raté la cible.

L'entreprise a fait grimper son bénéfice d'exploitation de 12 %, alors que le consensus des experts voyait une progression de l'ordre de 20 %.

Pour ce qui est du bénéfice par action, il a avancé de 3 %. Les analystes croyaient qu'il allait bondir de 13 %.

«Le volume de ventes de fromage aux États-Unis par Saputo montre un repli pour un quatrième trimestre consécutif», souligne Peter Sklar, de la BMO.

L'action de Saputo [[|ticker sym='T.SAP'|]] a clôturé la séance d'hier en baisse de 2,5 %, à 49,99 $, à la Bourse de Toronto.

Le trimestre de Saputo en bref

> Revenus: 2,2 milliards (+ 12 %)

> Profit par action (dilué): 67 cents (+ 3 %)

> Bénéfice d'exploitation: 240 millions (+ 12 %)