Tesco va sceller son destin en Chine avec China Resources Enterprise, numéro un de la grande distribution dans le pays, un virage stratégique destiné à rester fort sur ce marché central à moindre coût et pouvoir ainsi concentrer ses ressources sur son redressement au Royaume-Uni.

«Tesco et China Resources Enterprise (CRE) annoncent aujourd'hui avoir signé un accord préliminaire et être en négociations exclusives en vue de rapprocher leurs activités dans la distribution en Chine afin de former le distributeur numéro un multiformat en Chine», a indiqué vendredi Tesco dans un communiqué.

L'intention des deux groupes est de rassembler la chaîne contrôlée par CRE, CR Vanguard, qui est numéro un de la grande distribution dans le pays avec 2986 magasins en Chine et à Hong Kong, et les 131 supermarchés de Tesco en Chine au sein d'une coentreprise détenue à 80% par CRE et à 20% par Tesco et pesant 10 milliards de livres de chiffre d'affaires (15,5 milliards de dollars).

Un géant qui aurait pour points forts la «profonde compréhension des clients locaux» et le réseau national du conglomérat public chinois ainsi que «l'expertise mondiale» et le réseau international de fournisseurs de Tesco, numéro trois mondial de la grande distribution derrière l'américain Wal-Mart et le français Carrefour.

Pour Tesco, cette alliance présente surtout l'avantage d'être «cohérente» avec sa stratégie de «se concentrer sur les voies rentables vers la croissance dans des marchés en forte croissance et moins matures, dans une approche disciplinée de l'utilisation du capital».

Un point d'interrogation plane en revanche sur l'avenir de la marque Tesco au sein de cette nouvelle entité.

Entré sur le marché chinois en 2004, Tesco, dont les magasins sont concentrés sur la côte est, a dégagé un chiffre d'affaires de 1,432 milliard de livres (2,227 milliards de dollars) en Chine sur son exercice 2012/2013, ce qui représentait seulement environ 2% de ses ventes globales.

Selon Ishaq Siddiqi d'ETX Capital, Tesco cherche donc grâce à cette alliance à continuer à peser en Chine mais sans avoir à y investir encore des sommes folles pour y élargir sa présence.

«C'est une décision stratégique pleine de bon sens de la part de Tesco, le groupe souhaitant clairement revoir ses opérations en Chine de façon à y avoir une certaine présence mais moins d'investissements», a déclaré l'analyste à l'AFP.

Cet accord est en outre «une bonne nouvelle pour les actionnaires de Tesco car elle démontre que le groupe se tient à sa priorité d'injecter plus de fonds au Royaume-Uni que dans ses activités internationales tout en maintenant une présence via une coentreprise lui permettant de maintenir sa part de marché parmi les chaînes internationales de supermarchés», a-t-il ajouté.

A la Bourse de Londres, l'annonce de Tesco était d'ailleurs bien reçue par les investisseurs, le titre prenant 1,11% à 373,2 pence, vers 9h45 GMT (5h45 à Montréal), dans un marché en hausse de 0,29%.

Après un inhabituel avertissement sur résultats en janvier 2012, Tesco avait en effet lancé en avril de la même année un plan d'investissement d'un milliard de livres au Royaume-Uni, qui représente plus de 65% de ses ventes, afin de reconquérir ses clients et à faire face à la concurrence d'Asda (Wal-Mart) ou de Sainsbury's.

Le groupe avait décidé parallèlement en décembre de se retirer des États-Unis où sa filiale locale Fresh & Easy, qui compte près de 200 magasins dans l'ouest américain (Arizona, Californie, Nevada), n'a jamais réussi à dégager des bénéfices malgré un milliard de livres d'investissements depuis son lancement en 2007.

Mi-2012, Tesco s'était déjà retiré du marché japonais après huit ans de présence.