Un temps menacé par des craintes de flambée des prix de la bière aux États-Unis, le mariage de la Budweiser et de la Corona devrait bien avoir lieu, grâce à un accord entre le brasseur AB Inbev et les autorités américaines transmis vendredi à la justice.

Le numéro un mondial de la bière, basé en Belgique, a indiqué qu'il comptait désormais boucler en juin son projet de prise de contrôle d'un autre brasseur, le mexicain Grupo Modelo.

Le Département américain de la Justice (DoJ), qui menaçait de l'en empêcher, a jugé de son côté qu'une série de cessions d'actifs devrait permettre de remédier aux inquiétudes pour la concurrence que le projet suscitait aux États-Unis.

AB Inbev avait annoncé l'an dernier son intention de prendre le contrôle à 100 % de son concurrent mexicain Grupo Modelo, dont il détient déjà la moitié, pour 20,1 milliards de dollars.

Mais le DoJ avait demandé fin janvier à un juge de Washington de bloquer l'opération, donnant selon lui naissance à un mastodonte trop puissant sur le marché américain de la bière.

AB Inbev en contrôle déjà 39 % grâce notamment à la Budweiser, très populaire aux États-Unis et qui voisine dans son portefeuille avec plus de 200 autres marques comme Stella Artois ou Leffe. Grupo Modelo se contente d'une part plus modeste de 7 % du marché américain, mais sa Corona est la bière la plus importée du pays.

Les autorités américaines craignaient que vu son poids sur le marché, le nouvel ensemble ne soit en position de forcer les consommateurs à payer plus cher pour leur pinte.

L'accord transmis vendredi à la justice prévoit finalement la cession de «l'intégralité des activités aux États-Unis de Modelo» au groupe américain de spiritueux Constellation, selon le DOJ.

Il précise que cela inclut entre autres des licences exclusives dans le pays pour 10 marques de bière de Modelo, dont Corona Extra et Corona Light, sa brasserie de Piedras Negra au Mexique, et une participation dans la société d'importation Crown, qui distribue les bières du groupe mexicain dans le pays.

Le DoJ souligne que l'acquéreur aura ainsi «des capacités de brassage indépendantes et la propriété à perpétuité» de plusieurs marques sur le marché américain.

«Avant la fusion, il y avait deux concurrents, Modelo et AB Inbev», a expliqué Bill Bauer, un responsable des questions de concurrence au sein du DoJ. «Le projet d'accord annoncé aujourd'hui va créer un (autre) concurrent à AB Inbev, indépendant, totalement intégré et économiquement viable».

Il a salué «une victoire» pour les consommateurs du marché américain de la bière, évalué à 80 milliards de dollars par an. «Si l'accord fait une différence de seulement 1 % sur les prix, les consommateurs américains économiseront près d'un milliard par an», a-t-il fait valoir.

AB Inbev a déjà annoncé à la mi-février envisager de céder les actifs concernés à Constellation pour 4,75 milliards de dollars, mais si cette transaction devait avorter pour une raison ou une autre, le DoJ dit n'avoir pas d'objection à un autre acheteur.

Le projet d'accord entre AB Inbev et le DoJ doit encore être validé par un juge, après l'expiration d'un délai de 60 jours laissé à d'éventuels opposants ou à toute partie concernée pour faire part de ses observations.

AB Inbev a indiqué vouloir ensuite «agir rapidement pour boucler les transactions en attentes». Ce feu vert est en effet le dernier dont il a besoin, les autorités mexicaines de la concurrence ayant déjà donné leur aval début avril.