Une pétition demandant que la provenance des fruits et légumes vendus au marché Jean-Talon soit indiquée de façon «claire et honnête» a été lancée hier par la réalisatrice Hélène Choquette. «Le marché a la responsabilité de s'assurer que ce qui se trouve sur les étals soit étiqueté de façon claire, parce qu'il y a beaucoup de faussetés», a dit à La Presse la coréalisatrice de Marché Jean-Talon, nommée meilleure série documentaire au gala des prix Gémeaux de 2004.

Il y a actuellement 16 revendeurs au marché montréalais, qui fêtera ses 80 ans en 2013. Certains «prétendent qu'ils vendent des aliments du Québec, alors que parfois ça vient de l'Ontario ou des États-Unis», a dénoncé Mme Choquette.

Acheter des 80 agriculteurs qui ont des étals au marché Jean-Talon ne règle pas le problème de la traçabilité puisque plusieurs complètent leur offre en s'approvisionnant au marché Central ou ailleurs. «Je veux savoir d'où viennent les légumes que j'achète», a souligné la réalisatrice.

Au marché Jean-Talon, «on demande aux gens d'indiquer sur des affichettes la provenance des produits», a fait valoir Jean Gagnon Doré, directeur des communications par intérim de la Corporation de gestion des marchés publics de Montréal. Les produits locaux sont désignés par une fleur de lys, ceux du Canada par une feuille d'érable et ceux d'ailleurs, par un avion.

«Les gens peuvent aussi porter plainte s'il y a une irrégularité, a indiqué M. Gagnon Doré. Le ministère de l'Agriculture (MAPAQ) peut intervenir, il y a des inspecteurs, des contrôles. Nous en faisons un certain nombre, mais on n'a pas les ressources pour faire un contrôle absolu de la provenance de tout.»

Impasse pour un maraîcher

Jacques Rémillard, de la Ferme Jacques et Diane, assure qu'il ne vend que les légumes de ses champs au marché Jean-Talon. Mais comme son camion excède d'une soixantaine de centimètres la longueur de son étal, la Corporation lui fait payer une amende de 200$ par jour depuis le 28 juillet, comme l'a indiqué La Presse lundi.

Le maraîcher a demandé un délai de grâce jusqu'à l'an prochain, en vain. Il avait jusqu'à 16 h, lundi, pour s'engager à ce que son vieux camion ne dépasse plus son étal, ce qu'il n'a pas fait. «On est dans une impasse, a dit Me Colette Deschênes, son avocate. On ne peut plus faire d'autres offres, il n'y a pas d'autre possibilité. On a fait tout ce qu'on pouvait.»

La Ville ne gère plus les marchés

La Ville de Montréal affirme qu'elle ne peut intervenir dans le conflit. Elle est toujours propriétaire du terrain et des bâtiments du marché Jean-Talon, mais elle a cédé en 1993 l'administration des marchés publics à la Corporation, formée de producteurs, de revendeurs et de commerçants.

«Pour ce qui est des règles de régie interne, ce n'est pas de notre ressort», a indiqué Serge Fortin, chargé des communications à l'arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie. Le bail du marché Jean-Talon a cours jusqu'en 2017.

La pétition lancée hier demande «de traiter les producteurs maraîchers saisonniers avec diligence, car bien que les revendeurs assurent la viabilité économique du marché, ce sont les producteurs maraîchers qui en sont l'âme».

Pour signer la pétition: https://www.petitions24.net/marche_jean-talon