La célèbre Corona, une des bières les plus vendues au monde, pourrait bientôt rejoindre Stella Artois et Budweiser dans l'escarcelle du premier brasseur mondial, AB InBev, qui a confirmé lundi être en «discussions» avec son propriétaire, le Mexicain Grupo Modelo.

«Il y a des discussions» entre AB InBev et Grupo Modelo «concernant une possible transaction pour compléter leurs relations actuelles», indique le groupe belge dans un communiqué qui «prend note des spéculations récentes» à ce sujet.

Le Wall Street Journal avait affirmé dimanche qu'AB InBev, qui détient déjà 50% de Grupo Modelo, s'apprêtait à en prendre le contrôle total pour plus de 12 milliards de dollars (9,6 milliards d'euros).

Le groupe belge souligne qu'il «étudie régulièrement diverses options stratégiques pour créer de la valeur pour ses actionnaires». Les discussions avec Grupo Modelo «pourraient déboucher ou ne pas déboucher sur une transaction, et toute spéculation concernant les termes ou les conditions (d'une telle transaction) est prématurée», ajoute le communiqué.

L'action AB InBev a été brièvement suspendue à la Bourse de Bruxelles lundi après-midi, le temps pour le groupe de diffuser ce communiqué. L'action a finalement progressé de 2,01% à 56,75 euros.

AB InBev insiste sur l'existence d'un «partenariat de longue date» avec Grupo Modelo et sur sa «grande admiration pour les activités et les marques» de l'entreprise familiale mexicaine.

Pourtant leurs relations n'ont pas toujours été au beau fixe. AB InBev est né fin 2008 de la fusion à 52 milliards de dollars entre le belgo-brésilien InBev et l'américain Anheuser-Busch (AB). À l'époque, Grupo Modelo avait tenté en vain de racheter la part de 50% qu'Anheuser-Busch détenait dans son capital, estimée à l'époque à au moins 10 milliards de dollars.

Grupo Modelo avait alors déposé une demande d'arbitrage contre Anheuser-Busch, affirmant que son rachat par InBev violait leur propre accord d'investissement. Il avait perdu son procès en 2010.

«Modelo s'est développé aux États-Unis et dans d'autres pays sans faire appel au réseau de distribution d'AB InBev, et un accord pourrait donc non seulement mettre fin au contentieux entre les deux groupes, mais aussi créer des synergies et des opportunités de réduction des coûts», souligne dans une note d'analyse Marc Leemans, de la banque Degroof.

Le Wall Street Journal souligne qu'un accord donnerait à InBev un contrôle total sur la Corona, une des bières les plus vendues au monde, première bière d'importation aux États-Unis, et de la Modelo Especial, troisième bière d'importation dans ce pays.

L'opération pourrait profiter aux ventes de Corona aux États-Unis, où le marché latino est en croissance, souligne Marc Leemans, qui estime que la somme de 12 milliards de dollars serait un prix «équitable».

Mais un des grands points d'interrogation entourant ce possible accord concerne la réaction des diverses autorités chargées de veiller au respect de la concurrence. Elles pourraient ne pas donner leur aval étant donné les parts de marché considérables dont AB InBev dispose déjà dans plusieurs parties du monde.

Si AB InBev réussissait à boucler un accord avec Grupo Modelo, cela ajouterait 2,1 milliards de dollars à son bénéfice d'exploitation, selon les calculs de M. Leemans.

Le numéro un mondial de la bière a réalisé en 2011 un bénéfice net en hausse de 46% à 5,85 milliards de dollars. Au premier trimestre 2012, son bénéfice net a bondi, à 1,688 milliard de dollars contre 964 millions un an plus tôt.