La Financière agricole remboursera aux producteurs québécois toutes les sommes engrangées grâce à la mesure controversée qui a provoqué l'affrontement entre le gouvernement et l'Union des producteurs agricoles (UPA) en 2010. La grogne des agriculteurs les avait poussés à refuser aux motoneigistes l'accès à leurs terres.

La Financière retournera 27,5 millions à 12 476 entreprises participant au programme d'assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA), qui soutient les producteurs quand les valeurs marchandes ne sont pas au rendez-vous. Or, les prix se sont raffermis dans plusieurs secteurs cette année, ce qui a permis à la Financière de dégager des surplus.

Au tournant de 2010, alors que la Financière enregistrait déficit sur déficit, le gouvernement avait plafonné le programme de l'ASRA et instauré une mesure qui prévoyait que 25% des fermes les moins performantes seraient exclues du calcul des coûts de production. Cette «mesure d'efficacité», en basant le calcul sur un coût moindre, faisait diminuer les compensations d'assurance de l'ensemble des bénéficiaires.

L'UPA a toujours plaidé que cette mesure était superflue et qu'elle serait fatale pour plusieurs agriculteurs dont la situation était précaire. Le gouvernement et la Financière ont toujours refusé de retirer cette mesure.

Après des mois de conflit, l'UPA a obtenu du gouvernement, en décembre 2010, que la Financière retourne aux agriculteurs tous les surplus obtenus grâce à la mesure. C'est exactement ce qui est arrivé dans la première année, même si la disposition n'était encore appliquée que partiellement dans certaines productions.

Hier, à l'Assemblée nationale, le ministre de l'Agriculture, Pierre Corbeil, a annoncé le remboursement et a même dit «envisager d'éliminer cette mesure-là» si les choses vont aussi bien l'an prochain. Entre-temps, le conseil d'administration de la Financière a pris la décision d'appliquer seulement la moitié de la mesure en 2012-2013.

Si l'UPA s'est réjouie de la nouvelle, le président du syndicat, Marcel Groleau, a néanmoins déploré que des fermes ont eu une année difficile à cause de la mesure d'efficacité.