La hausse du taux directeur à 4,75 % annoncée mercredi par la Banque du Canada ébranle des premiers acheteurs, affligés par l’explosion de leurs paiements mensuels depuis un an.

C’est notamment le cas de Rosemarie Gariépy. À l’achat de leur condo en mars 2022, l’enseignante et son conjoint étaient persuadés de faire une bonne affaire. Ayant payé « autour de 200 000 $ » pour cette première propriété à Québec, le jeune couple a choisi un remboursement hypothécaire à taux variable, qui se situait alors à 1,5 %. « Partout où on a appelé pour magasiner notre taux d’intérêt, ils nous disaient tous de prendre un taux variable », se souvient la jeune femme.

On aurait été vraiment mieux avec un taux fixe, mais personne n’avait vu ça venir.

Rosemarie Gariépy

Situation semblable pour Maude Paquette-Boulva. Lorsqu’elle a fait l’achat de sa copropriété à Pointe-Saint-Charles, en juin 2022, la designer de 32 ans a aussi choisi un taux d’intérêt variable. En tant que travailleuse autonome, elle dit n’avoir « pas beaucoup de problèmes avec le risque », mais la hausse du taux directeur a tout de même dépassé ses prévisions.

En prévision de futures hausses, Maude Paquette-Boulva a fait passer ses paiements hypothécaires de 2000 $ à 3000 $ depuis l’acquisition de sa propriété pour 420 000 $. Même si elle parvient à s’adapter à cette augmentation, elle juge que « c’est vraiment trop cher, ça n’a pas de bon sens ».

Impact variable

L’annonce de la Banque du Canada n’ébranle pas nécessairement tous les jeunes acheteurs. Si Dany Gosselin a opté pour un taux d’intérêt variable à l’achat de son duplex, en mai 2022, c’est pour pouvoir le refinancer sans pénalité. « Je le voyais plus comme un investissement », explique-t-il.

Puisqu’il compte convertir sa propriété de Longueuil en immeuble locatif, la hausse du taux directeur ne le déstabilise pas trop. « À long terme, avec la hausse des loyers, moi je vais aller chercher mon argent quand même », souligne-t-il. Dany Gosselin estime que la hausse du taux directeur affaiblira davantage les premiers acheteurs, vulnérables face aux grands investisseurs « qui sont capables d’acheter un bloc pis de mettre 60 % de mise de fonds ».

« Argent aux poubelles »

Maude Paquette-Boulva et Rosemarie Gariépy ne regrettent pas d’être devenues propriétaires. La nouvelle hausse du taux directeur promet toutefois de faire grimper les paiements mensuels de Rosemarie Gariépy de plus de 40 %, par rapport à leur montant initial. La jeune femme « ne s’attendait pas » à une telle augmentation, même si son conjoint et elle peuvent l’absorber. « T’as vraiment l’impression de pitcher ton argent aux poubelles », déplore-t-elle.

« On a tous grandi avec une génération de parents [qui disent] qu’acheter, c’est la meilleure chose à faire », souligne Maude Paquette-Boulva. Or, elle juge qu’en ce moment, ce n’est « vraiment pas tant un avantage, d’être propriétaire ». Elle conseille à ceux qui pensent acheter un logement d’y réfléchir à deux fois. « Avec le recul, c’est quand même nice, être locataire », conclut-elle.