(Washington) Après plusieurs semaines d’affrontement politique, Joe Biden a promulgué samedi une loi qui écarte le risque d’un défaut de paiement des États-Unis, a annoncé la Maison-Blanche.

Le Congrès américain a adopté cette semaine ce texte qui permet de suspendre jusqu’en janvier 2025 le plafond d’endettement public des États-Unis, et qui fixe aussi certains objectifs budgétaires.

Le président a remercié les responsables parlementaires, y compris le chef républicain Kevin McCarthy, pour leur « collaboration » dans ce dossier, selon le communiqué de la Maison-Blanche samedi.

Sans cette loi, approuvée jeudi au Sénat à majorité démocrate et mercredi par la Chambre à majorité républicaine, le pays risquait de se trouver en défaut de paiement dès lundi 5 juin.

« Rien n’aurait été plus irresponsable, rien n’aurait été plus catastrophique », avait dit vendredi le président américain dans une allocution solennelle depuis son bureau Ovale.  

« Trouver un consensus au-delà des clivages partisans est difficile. L’unité est difficile. Mais nous ne devons jamais cesser d’essayer », avait-il ajouté, reprenant le message de réconciliation qui avait marqué le début de son mandat, et qui scande désormais sa campagne pour 2024.

Victoire partagée

Car l’enjeu de cet affrontement financier était aussi très politique.

Candidat à sa réélection, Joe Biden sait que son premier handicap est son âge, 80 ans.

Il espère sans doute que ce feuilleton sur la dette, qui a tenu le monde politico-médiatique américain en haleine, conforte une image de leader compétent et raisonnable.

Joe Biden a ainsi tenu vendredi à « saluer » son adversaire le plus en vue dans ce dossier de la dette, le patron républicain de la Chambre des représentants Kevin McCarthy.  

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Le patron républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy

Pour ce dernier, il s’agissait de conforter son autorité sur un groupe parlementaire hétéroclite, entre conservateurs modérés et bruyants partisans de l’ancien président Donald Trump.

Lui aussi candidat à la présidentielle de 2024, le milliardaire républicain avait appelé à garder une ligne dure dans les négociations avec la Maison-Blanche.  

Au final, chaque camp revendique plus ou moins la victoire. Les républicains se réjouissent d’avoir arraché un gel de certaines dépenses, les démocrates se félicitent d’avoir préservé pour l’essentiel les prestations sociales ainsi que les grands investissements.

Vie à crédit

Ce combat somme toute austère autour des finances publiques, qui avait déjà eu lieu quand Barack Obama était président, n’aura sans doute pas de grand effet sur l’élection de 2024.

Mais il a laissé quelques traces : l’agence de notation Fitch a ainsi maintenu vendredi sous surveillance la précieuse note AAA des États-Unis en déplorant la « polarisation politique » et en notant « une détérioration constante de la gouvernance au cours des 15 dernières années ».

Comme toutes les économies développées ou presque, les États-Unis vivent à crédit — ils affichent d’ailleurs la plus lourde dette au monde, en valeur absolue.

Mais aucun autre pays industrialisé ne bute ainsi, à intervalles réguliers, sur un plafond de la dette rigide, que le Congrès doit relever.