Pour continuer de progresser, l’adhésion des milieux d’affaires aux principes et objectifs de la finance et de l’économie durables se bute de plus en plus au manque de normes de mesure et de vérification.

Ce constat généralisé parmi les participants au Sommet de la finance durable, qui a lieu à Montréal mardi et mercredi, pourrait connaître un dénouement majeur en juin, avec la publication du premier énoncé de normes comptables en matière d’économie durable par l’organisme international ISSB, ou International Sustainability Standards Board.

« Les investisseurs et les financiers demeurent confus en matière de finance et d’économie durable. D’où l’importance d’établir bientôt des normes de comptabilité liées à l’économie durable qui soient un langage commun entre les investisseurs et les financiers d’entreprises », a indiqué Jingdong Hua, vice-président de l’ISSB et directeur de son nouveau siège administratif des Amériques établi à Montréal.

Afin de soutenir l’essor de la finance durable dans l’économie, « il faut que les normes de mesure et de vérification en matière d’économie durable deviennent aussi fiables et établies que les normes comptables en usage au Canada et à l’international », a souligné Charles-Antoine St-Jean, président du nouveau Conseil canadien des normes d’information sur la durabilité (CSSB, ou Canadian Sustainability Standards Board).

C’est d’ailleurs ce nouveau CSSB qui pilotera l’implantation au Canada des prochaines normes comptables en économie durable qui sont élaborées au niveau international par l’ISSB. Cette implantation sera aussi réalisée en étroite collaboration avec les autorités comptables au Canada.

Nous veillerons à promouvoir l’implantation des normes de l’ISSB afin de faciliter l’intégration des principes et des objectifs de finance durable dans l’économie.

Pamela Steer, présidente et chef de la direction de l’organisme professionnel CPA Canada

« Entre-temps, nous devons aussi préparer des processus de certification et de vérification de ces nouvelles normes de l’ISSB qui soient de grande qualité et aussi fiables que les processus comptables déjà en vigueur. »

Du côté des entreprises, le témoignage le plus éloquent en faveur de normes comptables mieux définies en matière d’économie durable et de « carboneutralité » est venu d’un vice-président de Cascades, un gros fabricant de produits papetiers d’emballage et d’hygiène à partir de fibres recyclées.

« Ça fait 25 ans que nous recueillons et gérons des données à propos de notre empreinte carbone et de notre efficacité énergétique. Peu considérées à l’époque dans notre secteur d’activité, ces informations sont devenues au fil des ans un gros avantage concurrentiel dans notre industrie qui nous attire de nouveaux clients », a indiqué Hugo D’Amours, vice-président, affaires publiques et développement durable, chez Cascades.

Et pour entretenir cet avantage concurrentiel, Cascades aspire maintenant à rehausser sa collecte de données en économie durable « à un niveau aussi solide que celui de nos données comptables et financières ».