Ce sera au Conseil de l’innovation du Québec, mené par son directeur général Luc Sirois, de « mettre la table » dans les prochains mois pour un encadrement législatif de l’intelligence artificielle, a annoncé mercredi le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon.

L’annonce a été faite pendant une conférence de presse dans les bureaux de Mila – Institut québécois d’intelligence artificielle. L’institution fondée en 1993 par Yoshua Bengio, devenue en 2018 un organisme indépendant de l’Université de Montréal, verra par ailleurs la reconduction de l’appui financier de Québec, à hauteur de 7 millions par année d’ici 2025 sur un budget annuel de quelque 35 millions.

« Le développement d’une IA responsable est essentiel pour assurer son acceptabilité et son intégration en entreprise, a-t-il déclaré. Par notre financement à Mila, on vient soutenir des initiatives de recherche appliquée qui permettent au Québec de rester un leader dans ce domaine. »

Après ChatGPT

Comptant une centaine de membres en 2018, Mila regroupe aujourd’hui quelque 1100 chercheurs, 120 employés et une centaine de partenaires.

« Nous sommes très bien positionnés comme un véritable leader mondial dans ce domaine, nous avons de quoi être fiers, a déclaré M. Fitzgibbon. Le défi est maintenant d’amener ce qu’il y a de mieux en intelligence artificielle vers nos entreprises et d’assurer un développement responsable. »

Près de cinq mois après le lancement public du robot conversationnel ChatGPT, deux semaines après la publication d’une pétition réunissant aujourd’hui quelque 20 000 experts, dont M. Bengio, appelant à une pause de six mois dans la recherche, l’éthique de l’IA a été au cœur de la conférence de presse convoquée mercredi. M. Fitzgibbon a tenu en matinée des rencontres présentées comme « non partisanes » avec des membres de l’opposition ainsi que des experts. Sur Twitter, il a annoncé vers 10 h avoir confié au Conseil de l’innovation du Québec la tâche d’établir les balises d’un encadrement « législatif et réglementaire » de l’IA, notamment avec l’organisation de forums publics.

Le ministre Pierre Fitzgibbon souhaite notamment qu’on se penche sur la protection des données sensibles et sur les impacts de l’IA sur l’emploi. Le processus prendra au moins plusieurs mois, a-t-il estimé. « Clairement, je pense qu’il va y avoir ultimement une législation […] L’idée n’est pas d’arrêter, mais d’aller plus vite avec un encadrement. »