(Ottawa) La ministre des Finances, Chrystia Freeland, promet de nouvelles mesures ciblées dans son prochain budget, qui sera déposé le 28 mars, afin de donner un coup de pouce financier aux personnes les moins nanties qui peinent à joindre les deux bouts en raison de la hausse du coût de la vie.

Ces mesures seront façonnées de manière à ne pas jeter de l’huile sur le feu inflationniste, a insisté Mme Freeland dans un discours prononcé lundi à Oshawa au cours duquel elle a énoncé les grandes priorités de son troisième budget.

Tout indique que les mesures comme le doublement du crédit de la TPS, qui prend fin en mars, seront reconduites. Le doublement du crédit de la TPS avait été annoncé l’automne dernier pour une durée de six mois. Le Nouveau Parti démocratique (NPD), dont le gouvernement libéral minoritaire a besoin de l’appui pour faire adopter son budget, a récemment réclamé que cette mesure soit reconduite.

À elle seule, cette mesure a coûté 2,5 milliards de dollars au Trésor fédéral et a permis de soutenir plus de 11 millions de Canadiens. L’automne dernier, le gouvernement Trudeau a aussi offert un supplément unique de 500 $ à l’Allocation canadienne d’aide au logement, afin d’aider 1,8 million de locataires canadiens à faibles revenus.

« Pour aider les Canadiens les plus touchés par la hausse des prix – pour nos amis et voisins les plus vulnérables –, notre gouvernement mettra en place des mesures supplémentaires et ciblées pour atténuer les effets de l’inflation », a indiqué Mme Freeland.

« Notre objectif est d’apporter un soutien très précis et responsable sur le plan financier. On ne peut pas couvrir tous les coûts que chaque Canadien doit assumer à cause de l’inflation ou de la hausse des taux d’intérêt. Agir de la sorte ne ferait qu’aggraver l’inflation et augmenter les taux d’intérêt encore plus longtemps. Les Canadiens sont intelligents, et je sais qu’ils comprennent cela. Ce que les Canadiens veulent, c’est que l’inflation diminue et que les taux d’intérêt baissent », a-t-elle ajouté.

Tandis que l’économie canadienne montre des signes de ralentissement en raison des « turbulences » qui secouent l’économie mondiale, la ministre a aussi affirmé que son prochain budget sera marqué au sceau de « la rigueur budgétaire ».

Depuis son arrivée au pouvoir en 2015, le gouvernement Trudeau n’a jamais présenté un budget équilibré, enregistrant un déficit record de 328 milliards au plus fort de la pandémie en 2020-2021.

« On va faire preuve de rigueur budgétaire. La hausse des taux d’intérêt a eu l’effet escompté, ici au Canada et dans le monde entier. L’économie mondiale s’est ralentie, tout comme l’économie canadienne. Par conséquent, les recettes de l’État sont moins élevées. […] Notre capacité de dépenser n’est pas infinie », a-t-elle averti, rappelant l’effort financier considérable du gouvernement fédéral durant la pandémie.

« On va adopter un plan responsable sur le plan financier, soutenir les Canadiens, renforcer les soins de santé publics et bâtir l’économie propre du Canada. Une économie propre qui profite aux travailleurs, aux entreprises, aux communautés autochtones et à l’environnement, et qui rend la vie plus abordable pour les Canadiens », a-t-elle aussi avancé.

Dans son discours, la ministre Freeland a indiqué que son prochain budget inclura une hausse des transferts en santé aux provinces, comme le prévoit l’offre qui a été faite aux provinces en février par le premier ministre Justin Trudeau. Dans le cadre de cette offre, Ottawa a proposé une hausse moyenne des transferts en santé de 4,6 milliards au cours de la prochaine décennie.

L’autre pilier du prochain budget sera un plan pour rivaliser avec celui adopté l’an dernier par l’administration Biden, qui propose des investissements colossaux de 370 milliards US au cours de la prochaine décennie afin d’appuyer des projets visant à lutter contre les changements climatiques et à accélérer la transition énergétique.

« Aujourd’hui et dans les années à venir, le Canada pourra soit saisir l’occasion sans précédent qui s’offre à lui, soit se laisser distancer par les démocraties du monde entier qui ont choisi de bâtir l’économie propre du XXIsiècle », a dit la ministre.

« Et se laisser distancer signifie moins d’investissements dans nos communautés et moins d’emplois pour toute une génération de Canadiens. C’est pourquoi le plan qu’on va présenter mardi prochain prévoit un investissement important dans les Canadiens – afin de créer de bons emplois, de rendre nos communautés plus dynamiques et d’instaurer ensemble une nouvelle ère de prospérité économique. On bâtira une économie canadienne plus durable, plus sûre et plus abordable », a-t-elle soutenu.