(Washington) Consommation en baisse et prix de gros qui reculent : l’économie américaine semble montrer les prémices d’un ralentissement tant attendu dans la lutte contre l’inflation, au moment où des faillites de banques font vaciller les marchés et compliquent la tâche de la banque centrale.

Les ventes au détail ont reculé en février aux États-Unis, de 0,4 % par rapport à janvier, selon les données publiées mercredi par le département du Commerce.

Il s’agit, certes, d’une mauvaise nouvelle pour les détaillants, mais c’est souhaité pour lutter contre l’inflation, car cela desserre la pression sur les prix dans une économie en surchauffe.

« Les ventes au détail ont reculé en février, mais pas suffisamment pour signaler une détérioration majeure de la propension à dépenser des consommateurs », relève cependant Oren Klachkin, chef économiste pour Oxford Economics.

Sur un an toutefois, les ventes sont en hausse de 5,4 %. Ces chiffres ne sont en effet pas ajustés de l’inflation, qui contribue donc mécaniquement à faire augmenter le montant total des ventes.

Or, celle-ci s’est élevée en février à 6,0 % sur un an, selon l’indice CPI qui fait référence. Pour le même montant, les consommateurs repartent ainsi avec un panier bien moins rempli.

Oren Klachkin s’attend « à ce que les dépenses de consommation s’affaiblissent plus tard cette année à mesure que les hausses de salaire fléchiront, que l’épargne s’épuisera, que les coûts d’emprunt augmenteront et que l’inflation restera élevée », ajoute-t-il, dressant un tableau sombre pour les consommateurs.

Les consommateurs en effet, ont déjà vu leur pouvoir d’achat réduit avec la forte inflation, mais ont continué à consommer, car ils avaient accumulé beaucoup d’épargne depuis le début de la pandémie de COVID-19 et que les salaires ont augmenté en raison d’une pénurie de main-d’œuvre dans le pays.

Dilemme pour la Fed

Mais la banque centrale américaine (Fed) est bien décidée à ne pas laisser les prix continuer à grimper autant, et relève donc ses taux à marche forcée depuis un an, ce qui renchérit le coût du crédit, affaiblissant ainsi la capacité à consommer.

Les responsables de la Fed se réuniront les 21 et 22 mars, et se trouveront face à un dilemme de taille : relever les taux face à une inflation toujours trop forte, ou marquer une pause, en raison de l’incertitude sur les marchés financiers depuis la faillite de la Silicon Valley Bank (SVB), qui a justement été poussée par ces fortes hausses de taux.

D’autant plus que les prix de gros aux États-Unis, publiés mercredi par le département du Travail et qui mesurent l’inflation côté producteurs, ont reculé de 0,1 % en février sur un mois, en raison notamment de la baisse des prix de l’essence.

Et sur un an, la hausse des prix connaît sa plus faible évolution depuis mars 2021, à 4,6 %, contre 5,7 % en janvier.  

« Les prix à la production sont loin de leurs sommets, mais l’inflation est toujours élevée », souligne Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour HFE, qui s’attend à une hausse des taux de la Fed la semaine prochaine, d’un quart de point de pourcentage.

Elle n’exclut cependant pas la possibilité d’une pause dans les hausses de taux, car « les responsables prendront en considération les risques pour la stabilité financière ».  

« Si les marchés restent aussi désordonnés qu’ils le sont actuellement, la Fed ne relèvera pas ses taux la semaine prochaine », anticipe pour sa part Kieran Clancy, économiste pour Pantheon Macroeconomics.

L’activité manufacturière de la région de New York, considérée comme un bon baromètre de l’évolution de l’économie américaine, s’est elle de nouveau contractée en mars, pour le quatrième mois d’affilée, selon l’enquête mensuelle Empire State, publiée mercredi par l’antenne de New York de la banque centrale américaine (Fed) et réalisée auprès d’industriels de la région.