(Ottawa) La ministre des Finances, Chrystia Freeland, déposera le prochain budget fédéral le mardi 28 mars.

La ministre a confirmé la date du prochain budget dans une brève déclaration à la Chambre des communes vendredi.

Quelques provinces (Alberta, Colombie-Britannique, Manitoba) ont déjà déposé leur budget respectif. Le ministre des Finances du Québec, Éric Girard, doit déposer son prochain budget le 21 mars, soit une semaine avant celui de Mme Freeland.

Avant même d’annoncer la date du budget, la ministre a déjà fait savoir qu’elle comptait s’attaquer à deux dossiers jugés prioritaires par le gouvernement Trudeau : la hausse des transferts en santé aux provinces d’une part et des investissements stratégiques dans la transition énergétique d’autre part afin de répondre aux mesures annoncées par l’administration Biden aux États-Unis (370 milliards US) dans le cadre de son Inflation Reduction Act.

« C’est important pour moi d’être franche, d’être ouverte qu’on a ces deux grands dossiers dans lesquels on doit investir et on va investir », avait affirmé la ministre Freeland le mois dernier après avoir rencontré ses homologues provinciaux à Toronto. « Mais en même temps, l’économie mondiale ralentit et on sera plus limité à cause de cela ».

Elle avait soutenu que l’année 2023 sera déterminante quant aux investissements dans les énergies vertes que pourra décrocher le Canada de la part des grandes entreprises. Les États-Unis ont établi le terrain de jeu en adoptant l’Inflation Reduction Act qui comprend des incitatifs financiers colossaux pour attirer des capitaux des investisseurs. Le Canada devra en faire autant s’il ne veut pas se contenter de miettes, avait-elle averti.

« Il y a une course mondiale en cours en ce moment. Le coup de départ a été tiré pour construire l’économie propre du 21siècle. Je ne peux pas trop insister sur l’importance que représente l’année 2023 quand il s’agit d’attirer ce capital. Une fois que vous obtenez ces gros investissements, ce sont des projets à très long terme. Une fois qu’ils sont ici, ils vont être ici à long terme, et cela va nous donner les emplois, la technologie, la chaîne d’approvisionnement », avait-elle dit.

Dans le cas des transferts en santé, le gouvernement Trudeau a convenu le mois dernier de les augmenter de 46,2 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie, soit l’équivalent d’une hausse de 4,6 milliards de dollars par année. Les provinces réclamaient une augmentation annuelle plus substantielle, soit 28 milliards de dollars.

La ministre Freeland déposera son budget dans un contexte économique difficile. L’inflation demeure élevée à 5,9 % malgré la majoration sans précédent des taux d’intérêt décrétée par la Banque du Canada depuis mars 2022. Plusieurs économistes s’attendent à ce que l’économie canadienne stagne cette année, voire qu’elle entre en récession, en raison de la lutte que mène la Banque du Canada pour ramener l’inflation à la cible de 2 %.

Au cours des dernières semaines, plusieurs experts ont invité le gouvernement Trudeau à la plus grande prudence et à tempérer ses ardeurs en matière de dépenses s’il ne veut pas alimenter les pressions inflationnistes et forcer la Banque du Canada à resserrer d’un autre cran sa politique monétaire.

De passage à Hamilton, cette semaine, Mme Freeland a indiqué que son prochain budget sera marqué au sceau de la prudence en raison de l’incertitude qui guette l’économie canadienne. Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement libéral de Justin Trudeau n’a jamais équilibré le budget. Au plus fort de la pandémie, Ottawa a enregistré un déficit record de 328 milliards de dollars en 2020-2021.