Le Québec a perdu 15 500 emplois en février et son taux de chômage a légèrement augmenté, de 3,9 % à 4,1 %, selon Statistique Canada. Ce recul survient après plusieurs mois de gains importants dans un marché qui reste tendu.

« Le fait que l’emploi ait diminué au Québec en février n’est ni étonnant ni inquiétant », estime Hélène Bégin, économiste principale de Desjardins. À 4,1 %, le taux de chômage au Québec reste le plus bas parmi les provinces canadiennes, souligne-t-elle.

Le marché revient sur terre

Alors que la résilience du marché de l’emploi préoccupe la Banque du Canada parce qu’elle alimente l’inflation, l’emploi a fait du surplace au pays en février, rapporte Statistique Canada.

Après avoir augmenté de 69 000 en décembre et de 150 000 en janvier, le nombre d’emplois créés a été de 22 000 en février. Le marché de l’emploi continue donc de surprendre les observateurs, plusieurs économistes ayant prévu un recul en février.

L’emploi a plutôt progressé dans toutes les provinces, à l’exception du Québec et de la Nouvelle-Écosse, et le taux de chômage est resté inchangé à 5,1 % au Canada.

Le marché du travail a ajouté des emplois pour un sixième mois consécutif. Au cours de cette période, l’économie canadienne a créé 348 000 emplois au total.

Des salaires en hausse

Les salaires se sont remis à augmenter, après une courte période de stabilité, ce qui est aussi un sujet d’inquiétude pour la banque centrale. Le salaire horaire moyen a augmenté de 5,4 %, soit plus qu’en décembre (4,8 %) et en janvier (4,5 %). De telles hausses sont incompatibles avec le retour à la cible d’inflation de 2 %, selon la banque du Canada.

Au Québec, où les salaires augmentent encore plus vite que dans l’ensemble du Canada, la progression annuelle du salaire moyen a ralenti, passant de 6,9 % en janvier à 6,5 % en février, mais elle reste nettement plus élevée qu’au Canada. Le taux d’inflation mesuré par l’Indice des prix à la consommation était de 5,9 % en janvier.

Une pause prolongée ?

Les augmentations de salaires et la création d’emplois qui résiste aux hausses de taux d’intérêt ont de quoi faire réfléchir la Banque du Canada. La banque centrale a décrété une pause dans la remontée des taux d’intérêt pour savoir si les huit augmentations précédentes suffiront à mater l’inflation.

Il est trop tôt pour le dire, selon la plupart des économistes. « Il faut laisser la politique monétaire ultra-stricte faire son chemin dans l’économie avant de conclure que la banque centrale n’en a pas fait assez », estiment les économistes Matthieu Arseneau et Alexandra Ducharme, de la Banque Nationale.

La croissance des salaires est particulièrement préoccupante, selon Sébastien Lavoie, économiste en chef de la Banque Laurentienne.

« Idéalement, la croissance des salaires doit ralentir tant dans le secteur des biens que dans celui des services, souligne-t-il. Autrement, la Banque du Canada va trouver ça plus difficile de maintenir le taux directeur à son niveau actuel de 4,5 %. »

Il reste un rapport sur l’inflation de février et un portrait de l’évolution du marché du travail en mars avant la prochaine décision sur les taux, prévue le 12 avril.

Québec, capitale de l’emploi

Les emplois ajoutés en février étaient surtout des emplois à temps plein, concentrés dans les soins de santé et les services publics. L’emploi a diminué dans les services aux entreprises et dans la construction. La création nette d’emplois en février s’accompagne d’une hausse de 0,6 % des heures travaillées depuis un mois, et de 1,4 % depuis un an.

C’est la ville de Québec qui revendique encore le titre de capitale de l’emploi en février. Le taux de chômage dans la région métropolitaine de Québec s’établit à 1,9 %, le plus bas au Canada.

À Montréal, le taux de chômage a augmenté de 0,4 %, à 5,0 %, tandis que la région métropolitaine de Toronto affiche un taux de chômage de 5,6 %.