Le Canada est un bon élève parmi les pays industrialisés, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), mais il pourrait faire mieux pour augmenter sa productivité et, surtout, pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre.

C’est le message qu’a livré lundi à Ottawa Alvaro Pereira, économiste en chef par intérim de l’OCDE, avec son plus récent bilan de l’économie canadienne. L’organisation établie à Paris regroupe les pays les plus industrialisés et vise à améliorer les politiques publiques pour accroître la prospérité.

Depuis le précédent bilan réalisé en pleine pandémie, « le Canada a plutôt bien fait comparé à la plupart des autres pays », a résumé Alvaro Pereira, qui a été ministre de l’Économie dans le gouvernement portugais entre 2011 et 2013.

Il a souligné que l’économie canadienne avait regagné le terrain perdu en raison de la pandémie et que le taux de chômage était descendu à un niveau historiquement bas.

Poursuivre la lutte contre l’inflation

Comme plusieurs autres pays, le Canada doit continuer à lutter contre l’inflation sans trop affaiblir son économie, « un redoutable défi », estime l’économiste en chef de l’OCDE. Les efforts de la Banque du Canada commencent à porter leurs fruits et doivent être poursuivis, a-t-il dit. La Banque du Canada doit se tenir prête à relever encore son taux directeur au besoin pour ramener l’inflation à la cible.

Malgré les risques accrus pour l’évolution de l’économie mondiale, l’OCDE ne prévoit pas de récession au Canada cette année ni l’an prochain. L’économie devrait croître de 1,3 % cette année et de 1,5 % en 2024. Le taux de chômage devrait augmenter jusqu’à 5,7 % en 2024.

La dette publique canadienne, qui a augmenté pendant la pandémie, n’inquiète pas non plus l’OCDE. « Le Canada se porte mieux que la plupart des pays à cet égard », note le rapport.

Rattraper le retard de productivité

Le Canada souffre d’un retard important par rapport aux États-Unis en ce qui concerne la productivité et l’investissement. Ces problèmes pourraient être réduits par l’abolition des barrières commerciales entre les provinces, selon l’OCDE, qui donne l’exemple du secteur laitier et de la non-reconnaissance de certaines qualifications entre provinces qui limite la mobilité. Des gains de croissance pouvant atteindre 4 % pourraient découler de l’élimination des barrières commerciales internes, a souligné Alvaro Pereira, qui a déjà vécu en Colombie-Britannique.

Une plus grande ouverture à l’investissement étranger dans des secteurs comme les télécommunications aiderait aussi grandement le Canada à augmenter sa productivité et son niveau de vie, croit l’OCDE. « La révision en cours de la Loi sur la concurrence constitue une mesure bienvenue pour renforcer le climat d’affaires », dit son rapport.

La carboneutralité est encore loin

En matière de transition énergétique, le Canada a encore beaucoup à faire pour atteindre l’objectif de carboneutralité, note l’OCDE, qui estime les efforts actuels insuffisants. Son économiste en chef a souligné que le Canada est le pays qui a le pire bilan, avec l’Australie, pour les émissions de gaz à effet de serre (GES) par rapport au produit intérieur brut (PIB). Il souligne que l’augmentation du prix du carbone est essentielle et que la couverture des émissions visées devrait être élargie. En tant que gros producteur de gaz et de pétrole lourd, le Canada « doit prendre des mesures de grande envergure afin de remplacer les combustibles fossiles par des énergies propres », et ce, « sans nuire considérablement à l’économie ».

Agir sur plusieurs fronts

Entre 1948 et 2021, la température moyenne observée au Canada a augmenté de 1,9 ℃. C’est le double du taux moyen constaté sur la planète. Pour agir contre les changements climatiques, le Canada peut et doit aussi agir sur le transport, l’isolation des bâtiments et le secteur de l’électricité, selon l’OCDE. Son rapport note le retard du Canada en matière d’adoption de véhicules électriques. Pour réduire la dépendance à la voiture, des redevances à l’utilisation des routes peuvent être envisagées, propose le rapport.

Pour le secteur de l’électricité, l’OCDE suggère de généraliser la tarification différenciée dans le temps et d’investir dans les interconnexions pour favoriser les énergies vertes.

Lisez le rapport de l’OCDE