(Washington) La banque centrale américaine est prête à l’offensive contre une inflation qui refuse de redescendre, son président Jerome Powell ayant averti mardi qu’elle pourrait accélérer de nouveau le rythme des hausses de taux et les pousser plus haut que prévu.

« Les données économiques les plus récentes sont plus fortes que prévu, ce qui suggère que le niveau final des taux directeurs sera susceptible d’être plus élevé que prévu », a déclaré le président de la Fed devant une commission du Sénat.

Autrement dit, l’économie reste en surchauffe et le principal taux directeur de la Fed pourrait dépasser les 5,1 %, taux maximal qui était anticipé par l’institution en décembre.

Pour lutter contre la forte inflation, la Fed relève ses taux depuis un an. Ceux-ci, qui se trouvaient dans la fourchette de 0 à 0,25 % pendant la pandémie pour soutenir l’économie par la consommation, sont désormais compris entre 4,50 et 4,75 %.

Cela renchérit le coût du crédit pour les ménages, donc moins enclins à consommer, d’autant plus que leur pouvoir d’achat est également entamé par l’inflation. L’objectif est, in fine, de desserrer la pression sur les prix.

Concernant les biens, l’inflation ralentit « depuis un certain temps maintenant. C’est encore trop haut, mais ça descend », a souligné Jerome Powell.

« Prêts à accélérer le rythme »

En revanche, la situation est différente côté services. Si les prix des logements augmentent moins vite désormais, « tout le reste, c’est-à-dire les services financiers, de santé, les voyages et loisirs, tout cela est la source de l’inflation que nous avons maintenant », a expliqué le président de la Fed.

La prochaine réunion de l’institution a lieu les 21 et 22 mars. Et la hausse des taux pourrait repartir de plus belle : si nécessaire, « nous serions prêts à accélérer le rythme des hausses de taux ».

La Fed avait ralenti le rythme ces derniers mois, revenant même à sa hausse habituelle d’un quart de point de pourcentage. Mais la vapeur pourrait donc être inversée, et les acteurs du marché s’attendent majoritairement à une nouvelle hausse d’un demi-point, selon l’évaluation de CME Group.

Ces déclarations ont affolé Wall Street, qui s’est soudainement enfoncée dans le rouge après ces déclarations, et a clôturé en baisse mardi soir.

Le dollar a lui bondi, de même que le taux d’intérêt des obligations d’État américaines à 2 ans, à son niveau le plus élevé depuis 2007. Le taux à 10 ans s’est lui aussi tendu, repassant brièvement au-dessus du seuil des 4 %.

Cela a accentué le phénomène d’inversion de la courbe des taux, quand les taux à court terme sont supérieurs à ceux à long terme, souvent considéré comme annonciateur d’une récession économique. L’écart n’a plus été aussi élevé depuis 1981.

« Loin » d’une récession

« Jay » Powell a aussi averti que le taux directeur pourrait rester élevé « pendant un certain temps », alors que « les données de janvier sur l’emploi, les dépenses de consommation, la production manufacturière et l’inflation ont en partie inversé les tendances à l’assouplissement », qui se dessinaient le mois précédent.

L’inflation est repartie à la hausse en janvier, à 5,4 % sur un an, selon l’indice PCE, privilégié par la Fed, et qu’elle veut ramener autour de 2 %.

Une autre mesure, l’indice CPI, sur lequel sont indexées les retraites, a légèrement ralenti sur un an, à 6,4 %, s’accélérant toutefois sur un mois pour la première fois depuis septembre.

Quant au taux de chômage, il était, en janvier, au plus bas depuis 1969, à 3,4 %.

Jerome Powell s’est cependant montré rassurant, estimant qu’il « semble que nous soyons loin de quoi que ce soit qui ressemble à une récession ».

Le patron de la Fed a par ailleurs exhorté les élus du Congrès à relever le plafond de la dette, afin d’éviter au pays un défaut de paiement dont les conséquences, « difficiles à estimer », « pourraient être extrêmement négatives et causer des dommages à long terme ».