La vigueur du marché du travail en janvier a étonné tous les observateurs, qui s’attendaient à une baisse ou à une stagnation de la création d’emplois au pays. L’économie canadienne a plutôt ajouté 150 000 emplois le mois dernier, et le taux de chômage est resté stable à 5 %, près de son creux historique.

Avec 47 400 emplois de plus, le marché du travail ne donne aucun signe de faiblesse non plus au Québec, où le taux de chômage est repassé sous le seuil des 4 %. À 3,9 %, le taux de chômage québécois est le plus bas de toutes les provinces canadiennes.

L’emploi au Québec est en augmentation pour un troisième mois consécutif. Dans la région métropolitaine de Montréal, l’emploi a peu varié, et le taux de chômage est resté stable à 4,6 % en janvier.

Au Canada comme aux États-Unis, où il s’est créé plus de 500 000 emplois en janvier, la résilience du marché du travail continue de surprendre. La création d’emplois se poursuit malgré l’inflation élevée et les hausses successives de taux d’intérêt, déjouant les prévisions des économistes.

« Le marché du travail ne donne absolument aucun signal de stress », a commenté l’économiste en chef de la Banque de Montréal, Doug Porter, après la publication des plus récents chiffres de Statistique Canada.

Selon Sébastien Lavoie, économiste en chef de la Banque Laurentienne, la rareté de la main-d’œuvre incite certainement les employeurs à garder leurs employés. « La plupart des entreprises ont affiché récemment des bilans solides et des profits en hausse », observe-t-il.

Indicateurs au vert

En plus du taux de chômage qui se maintient à un niveau très bas, les autres indicateurs du marché du travail que surveille la Banque du Canada sont aussi positifs, selon Statistique Canada.

Les emplois créés en janvier sont autant à temps plein qu’à temps partiel. L’emploi a augmenté dans le secteur privé et dans le secteur public. Le total des heures travaillées a crû de 0,8 % en janvier et il est en hausse de 5,6 % depuis un an.

La taille de la population active continue d’augmenter, alors que 153 000 personnes de plus ont intégré le marché du travail en janvier, ce qui a fait progresser le taux d’activité de 0,3 point de pourcentage, à 65,7 %. L’augmentation de la population active s’observe surtout chez les femmes de même que chez les personnes des deux sexes de 55 ans et plus.

Des salaires en forte hausse au Québec

Le salaire horaire moyen continue de croître, quoiqu’à un rythme moins rapide. La hausse est de 4,5 % en janvier, contre 4,8 % en décembre. Le salaire moyen est en baisse en Ontario, mais au Québec, où les pénuries de main-d’œuvre sont plus aiguës, la croissance annuelle du salaire horaire moyen s’est accélérée en janvier, à 6,9 % contre 6,7 % en décembre.

Le nombre de postes vacants était légèrement en baisse au Canada et au Québec à la fin de 2022, selon Statistique Canada. Au Québec, il y avait 246 230 postes non comblés après trois trimestres, soit 6,1 % des emplois totaux, ce qui est un des taux les plus élevés au pays.

Du grain à moudre pour la Banque du Canada

Ce début d’année « explosif » sur le marché de l’emploi complique la tâche de la Banque du Canada, selon Marc Désormeaux, économiste de Desjardins. Les données de janvier « ne laissent pas entrevoir l’assouplissement habituellement nécessaire de la trajectoire économique pour permettre une maîtrise de l’inflation », estime-t-il.

Encore cette semaine, le gouverneur de la Banque du Canada a expliqué que le rythme actuel de croissance des salaires ne permettrait pas de ramener l’inflation à la cible de 2 %.

La banque centrale a décrété le 25 janvier une pause dans la hausse des taux d’intérêt et elle a précisé qu’elle allait attendre « une accumulation de données » avant de décider de la suite des choses. Les données d’un seul mois ne devraient rien changer à son intention de laisser le temps à l’économie de s’ajuster aux huit hausses de taux depuis 11 mois, estiment la plupart des économistes.

Des hausses généralisées

L’Ontario (+ 63 000), le Québec (+ 47 400) et l’Alberta (+ 21 000) sont les provinces qui ont ajouté le plus grand nombre d’emplois en janvier.

La création d’emplois a été généralisée dans presque tous les secteurs d’activité, mais elle est particulièrement concentrée dans le commerce de gros et de détail, dans les soins de santé et dans les services d’enseignement.

L’emploi dans la construction est en hausse, malgré le ralentissement du secteur immobilier. Le secteur de la construction dénombre 16 000 emplois de plus en janvier, après une augmentation de 27 000 en décembre. Depuis un an, l’emploi dans la construction a augmenté de 7,6 %, ce qui en fait l’un des secteurs ayant enregistré la plus forte croissance annuelle, selon Statistique Canada.

Pour la première fois depuis mars 2020, le secteur du transport et de l’entreposage a reculé et rapporte 17 000 emplois en moins en janvier.