(Montréal) Déjà préoccupée par le réchauffement climatique, la jeunesse est maintenant de plus en plus tracassée par le contexte économique incertain, constate le président et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Guy Cormier, qui vient de compléter une tournée dans six villes du Québec pour rencontrer les jeunes.

M. Cormier s’attendait à parler d’économie et d’environnement avec les personnes qu’il a rencontrées, mais il admet avoir été surpris par l’ampleur de leurs inquiétudes sur l’état de l’économie dans un contexte de forte inflation, d’inaccessibilité à la propriété et de rareté de la main-d’œuvre qui complique la création d’entreprise. « Ça m’a plus marqué parce que ça a sorti plus fort », confie-t-il en entrevue.

Au moment où l’on affronte une flambée des prix jamais vue depuis les années 1980, de nombreux jeunes sont désarçonnés par le retour de l’inflation. « Ces jeunes n’ont jamais entendu parler d’inflation, n’ont jamais entendu parler de taux d’intérêt », souligne l’homme d’affaires.

M. Cormier se qualifie d’optimiste, mais il admet être préoccupé par l’héritage environnemental et économique dont hériteront les jeunes Québécois. « Je pense que l’on flirte actuellement avec un risque d’iniquité intergénérationnelle, notamment sur l’accès à la propriété. Cette génération-là peut, je dis bien peut, avoir un risque d’avoir une accumulation de richesse qui est moins grande que d’autres générations, d’avoir accès à des soins de santé et à un système d’éducation qui vont être différents. »

Il faut dire que les mauvaises nouvelles abondent. « Ils entendent que le système de santé est sous pression, que le système d’éducation est sous pression, que la planète est sous pression et que, là, les budgets des gouvernements, bien il faut les équilibrer dans un contexte de hausse des taux d’intérêt. »

À la maison, le père de quatre enfants est témoin des réflexions qu’ont les jeunes quant à leur avenir. Il se souvient d’une conversation qu’il a eue avec son fils lors d’une activité en ski. « À un moment donné, il m’a dit : “probablement que dans 40 ans, moi, mes enfants ne skieront plus au Québec. Peut-être qu’il n’y aura plus de neige au Québec”. Tu vois que ça fait partie de son esprit. Il est en train de se conditionner à ce que la vie qu’il va avoir, que ses enfants vont avoir, ne sera peut-être pas la même que celle qu’on a eue. »

Faire confiance aux jeunes

Le dirigeant fait confiance à la « fougue » de la jeunesse pour trouver des solutions à ces problèmes, mais il aimerait leur donner l’occasion d’avoir voix au chapitre, de prendre la parole et de proposer des solutions.

Il dit avoir rencontré de nombreux jeunes entrepreneurs avec des projets innovants et emballants pour leur communauté. Il a donné l’exemple d’un jeune entrepreneur qui a converti une église d’Alma en bar laitier, Le Saint-Crème. « Il y en a de l’imagination chez les jeunes. »

C’est pour cette raison qu’il prévoit tenir un rassemblement « d’envergure » à Montréal les 19 et 20 juin prochain. Le thème de l’évènement sera « Rêver l’impossible ». « On va demander à des jeunes : “Est-ce qu’il y a des projets sur lesquels vous travaillez ou vous aimeriez travailler ou y a-t-il des choses inspirantes que vous faites déjà ?” […] J’aimerais ça qu’il y ait peut-être deux, trois, quatre projets qu’on pourrait mettre de l’avant au Québec, par la suite. »