À la veille du premier anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le conflit ne montre aucun signe de résolution. En revanche, sur le front économique européen, les nouvelles sont meilleures que prévu.

Alors qu’une récession apparaissait inévitable il y a quelques mois à peine, cette perspective s’est éloignée, selon le Fonds monétaire international (FMI), qui vient de mettre à jour ses prévisions économiques.

Les pays de la zone euro ont résisté mieux que prévu aux chocs induits par le conflit, constate le FMI. La croissance du produit national brut des 19 pays de l’union monétaire a fini l’année 2022 en terrain positif. Le PIB est en hausse de 0,1 % au quatrième trimestre, ce qui est peu, mais quand même mieux que ce qui était attendu.

Selon les statistiques préliminaires que vient de publier Eurostat, l’agence officielle de statistique, l’Allemagne, la plus grande économie de la zone, a fini l’année dans le rouge, tandis que la France, l’Espagne et le Portugal sont restés en terrain positif.

Mieux qu’anticipé

Les économies européennes ont donc résisté à la fin du gaz russe, à l’explosion des prix de l’énergie et à l’inflation à deux chiffres qui en a résulté. Si le ciel s’est éclairci, c’est beaucoup grâce aux mesures prises par les gouvernements pour atténuer la hausse du prix de l’énergie sur la situation financière des ménages et aussi parce que le prix de l’énergie a considérablement baissé au cours des derniers mois.

Le prix de référence du gaz sur le marché européen est revenu à son niveau de décembre 2021, avant le début du conflit. Le prix du pétrole est aussi en forte baisse, le baril de Brent valant moins de 80 $ US.

L’inflation commence à montrer des signes d’apaisement, ce qui est de bon augure pour la suite des choses. L’année 2023 s’annonce meilleure que ce qu’on prévoyait il n’y a pas si longtemps. L’Europe pourrait échapper à la récession, selon le FMI, qui a relevé légèrement ses prévisions de croissance pour l’Europe, de 0,5 % à 0,7 % pour l’année en cours.

« Il y a beaucoup de risques, mais notre scénario de base est que la zone euro ne soit pas en récession cette année », a déclaré à Euronews Petya Koeva Brooks, directrice adjointe au département de la recherche du FMI.

Une croissance de 0,7 % n’est pas, selon les normes historiques, un grand chiffre. Mais nous nous attendons aussi à ce que les choses remontent et que les perspectives soient meilleures en 2024.

Petya Koeva Brooks, directrice adjointe au département de la recherche du FMI

Si l’Europe évite le recul, il devrait en être de même pour tous les pays industrialisés, prévoit le FMI. Tous, sauf un. Le Royaume-Uni est le seul pays qui devrait subir une récession en 2023, vaincu par l’impact du Brexit, la hausse du prix de l’énergie et l’inflation généralisée. Malgré les hausses répétées des taux d’intérêt, l’inflation y était toujours supérieure à 10 % en décembre dernier, ce qui est plus élevé que partout ailleurs dans les pays du G7.

L’inflation demeure préoccupante

Le taux d’inflation est toujours élevé également dans la zone euro, à 8,5 % selon les chiffres préliminaires pour janvier. Mais l’amélioration de la conjoncture économique, si modeste soit-elle, laisse une plus grande marge de manœuvre à la Banque centrale européenne (BCE) pour continuer de combattre la hausse des prix.

Sous la houlette de Christine Lagarde, la BCE a mis du temps avant d’enclencher le resserrement monétaire de la zone euro. Avant la première hausse, en juillet dernier, le taux directeur européen était sous zéro. La première hausse a été suivie de quatre autres dont la plus récente, la semaine dernière, a porté le taux directeur à 2,25 %.

Une autre hausse de 50 points de base est annoncée en mars. Contrairement à ce qui se passe de ce côté-ci de l’Atlantique, aucune pause n’est en vue dans la lutte contre l’inflation.

Et c’est pour le mieux, selon le FMI, qui met les autorités monétaires en garde contre la tentation de crier victoire trop tôt.

« Les banques centrales doivent faire savoir que les taux d’intérêt doivent demeurer plus élevés plus longtemps, jusqu’à ce que l’inflation incluant les hausses de salaires et de prix dans le secteur des services soit revenue à la cible. »

Les hausses de taux vont freiner la croissance européenne et pourraient augmenter les probabilités de récession. Sur ce front-là non plus, la guerre n’est pas finie.

Consultez la mise à jour des prévisions du FMI