(Toronto) Les perspectives du dollar canadien pour 2023 dépendent en grande partie des prix des matières premières, de l’évolution du dollar américain et de la capacité des banques centrales à éviter une récession majeure, estiment des experts.

Le huard a récemment atteint son plus haut niveau en plus de deux mois par rapport au dollar américain, mais ce dernier s’est renforcé vendredi, après un rapport sur l’emploi plus fort que prévu.

Cependant, des analystes s’attendent à une nouvelle faiblesse du dollar américain en 2023. La Banque CIBC, dans un rapport du 23 janvier, a prédit que la devise s’affaiblirait probablement en 2023, ce qui pourrait favoriser la vigueur du dollar canadien dans les derniers trimestres de l’année.

Les analystes de plusieurs grandes banques canadiennes prévoient que le huard vaudra environ 77 cents US d’ici la fin de 2023, alors qu’il se rapproche actuellement de 75 cents US.

Mais tous les experts ne sont pas de cet avis. Kevin Burkett, gestionnaire de portefeuille chez Burkett Asset Management, à Victoria, ne pense pas que le dollar américain fléchira, alors qu’il voit les matières premières, un gros moteur pour le huard, s’affaiblir en 2023.

En 2022, les principales sources de gain pour le huard – les taux d’intérêt et les matières premières – ont été très volatils, a souligné M. Burkett. Mais le dollar lui-même n’a pas oscillé parce que sa devise de référence, le dollar américain, a enregistré des mouvements similaires, en particulier en ce qui concerne la direction et la cadence des taux d’intérêt.

Mais si les conditions économiques et les décisions politiques entre les deux pays commencent à diverger en 2023, cela pourrait affecter le taux de change, a prévenu M. Burkett.

« Je vois le Canada dans une position plus faible que les États-Unis pour commencer l’année, à la fois en raison des perspectives des matières premières et parce que je pense que l’impact des taux d’intérêt plus élevés est beaucoup plus important au Canada qu’aux États-Unis », a expliqué M. Burkett.

Consommateur canadien plus vulnérable

Michael Greenberg, vice-président principal et gestionnaire de portefeuille chez Franklin Templeton Investment Solutions, a noté que le consommateur canadien était un peu plus faible que le consommateur américain en raison des niveaux d’endettement et du marché de l’habitation, qui le rend plus sensible aux taux d’intérêt.

Si le ralentissement économique provoqué par les politiques des banques centrales devait se révéler plus sévère que prévu ou espéré, cela affaiblirait le huard, a estimé M. Greenberg, tandis qu’un atterrissage en douceur de l’économie ferait grimper la valeur du dollar canadien.

Le dollar canadien a relativement bien résisté, par rapport à la plupart des autres devises internationales, pendant la majeure partie de l’année dernière, a observé M. Greenberg.

« Nous avons bien mieux résisté que l’euro et le yen, mais […] nous n’avons pas aussi bien résisté face au dollar américain », a-t-il affirmé.

Il y a eu un léger changement au dernier trimestre, a-t-il poursuivi, lorsqu’il est devenu clair que l’inflation avait atteint un sommet après des mois de hausses dynamiques des taux d’intérêt par la Réserve fédérale américaine et la Banque du Canada, qui étaient en avance sur les autres pays avec leur resserrement. D’autres marchés, comme le Japon et l’Europe, ont modifié leurs propres politiques pour lutter contre l’inflation et leurs devises ont décollé, a indiqué M. Greenberg.

Pendant ce temps, les prix élevés des matières premières, qui avaient soutenu le huard plus tôt en 2023, ont commencé à s’affaiblir, a-t-il expliqué.

Les perspectives du dollar canadien pour l’année dépendent fortement de facteurs externes, et les cours des matières premières font partie des éléments positifs pour le huard, a fait valoir la Banque Scotia dans un rapport publié au début de janvier.

La Scotia a ainsi noté que même s’il est attendu que la faiblesse du dollar américain, plus tard dans l’année, donne un coup de pouce au huard, le dollar canadien devrait malgré tout sous-performer par rapport à bon nombre des autres devises du G10 cette année.

M. Greenberg croit que le dollar canadien sera relativement limité en 2023, alors qu’un peu plus de certitude économique supprimera une partie du risque.

« Nous devrions peut-être nous attendre à un peu moins de volatilité », a-t-il noté, ajoutant que même si les investisseurs peuvent encore profiter des hauts et des bas du huard, les consommateurs qui prennent des décisions concernant leurs achats ou leurs voyages aux États-Unis ne devraient pas trop s’inquiéter de voir la devise enregistrer de grandes variations tout au long de l’année.