La volonté du gouvernement d’augmenter l’âge de la retraite en France risque de semer encore une fois le chaos dans le pays. La question de l’âge de la retraite est un sujet sensible là comme ailleurs, mais ce n’est pas le seul facteur à considérer pour assurer aux travailleurs la paix qu’ils méritent pour leurs vieux jours.

Ce qui assure une bonne retraite, c’est d’abord et avant tout le montant de revenu que remplace le régime, le fonctionnement et la structure du régime et sa capacité à assurer ses obligations sur le long terme, selon la firme Mercer, qui publie chaque année depuis 2009 une évaluation des régimes de retraite dans le monde.

L’édition 2022 de ce palmarès examine les régimes de retraite de 44 pays représentant 65 % de la population mondiale sous l’angle de la générosité, de l’intégrité et de la viabilité.

Les meilleurs régimes de retraite en vertu des critères assez exhaustifs retenus par Mercer sont ceux de l’Islande, du Danemark et des Pays-Bas. Il est intéressant de noter que dans ces trois pays, l’âge légal pour profiter d’une pleine retraite est supérieur à 65 ans.

Même qu’au Danemark, où l’âge de la retraite est de 67 ans, il est déjà prévu que ce seuil augmentera jusqu’à atteindre 70 ans en 2040.

L’âge légal de la retraite évolue normalement avec la longévité de la population, qui augmente constamment dans les pays industrialisés. Entre 1970 et 2019, l’espérance de vie a augmenté de 10 ans pour atteindre 81 ans en moyenne dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

L’augmentation de la durée de vie menace la viabilité à long terme de presque tous les régimes de retraite des pays à la population vieillissante. La capacité des régimes publics à respecter leurs obligations envers les retraités est donc étroitement liée à la démographie, à la croissance économique et au niveau d’endettement d’un pays. La population qui vieillit, la croissance économique qui ralentit et l’endettement public qui ne cesse d’augmenter sont la nouvelle réalité partout dans le monde.

Les meilleurs régimes de retraite

Classement global sur 44 pays

  • 1. Islande
  • 2. Pays-Bas 
  • 3. Danemark
  • 4. Israël
  • 5. Finlande
  • 6. Australie 
  • 7. Norvège
  • 8. Suède 
  • 9. Singapour
  • 10. Royaume-Uni
  • 13. Canada
  • 22. France

Source : Mercer

C’est la raison pour laquelle un nombre croissant de pays choisissent de repousser l’âge légal de la retraite.

Le type de régime est aussi un facteur important. En France, c’est un système dit par répartition : les cotisations de ceux qui travaillent servent immédiatement à payer les rentes des retraités. Tant que le nombre de personnes actives est supérieur à celui des personnes retraitées, tout va bien, mais quand la proportion change, la responsabilité et le poids financier des engagements de retraite reposent de plus en plus sur la prochaine génération de retraités. Dans des sociétés vieillissantes comme les nôtres, la situation est intenable à long terme.

Pour assurer la viabilité à long terme des régimes de retraite, les options sont limitées. On peut augmenter les cotisations des travailleurs, diminuer les prestations versées aux retraités ou augmenter l’âge légal de la retraite.

Des pays ont aussi choisi de capitaliser les cotisations des travailleurs actifs et de les faire fructifier sur les marchés. Il se crée ainsi une réserve qui aide à respecter les engagements futurs de leurs régimes de retraite.

C’est ce que le Canada a fait en 1997, lorsqu’il a créé l’Office d’investissement du Régime de pensions du Canada, pour éviter de trop pénaliser les générations futures. Le Québec avait choisi cette voie dès la création de sa Régie des rentes en 1966. C’est la Caisse de dépôt qui est responsable de faire fructifier les fonds de retraite des futurs retraités.

Le rendement obtenu alimente une réserve qui allège le fardeau des prochaines générations.

Le Canada se classe au 13e rang sur les 44 pays dont les régimes de retraite ont été examinés par Mercer. La France occupe le 22e rang, même si son régime est plus généreux que son équivalent canadien, en partie parce que l’équilibre financier à long terme de son régime est plus fragile.

En 1950, il y avait cinq travailleurs pour payer les rentes de chaque retraité français. Cette proportion devrait être de moins de deux travailleurs par retraité, selon les prévisions de l’OCDE. Le gouvernement français sait depuis longtemps que le mur se rapproche et qu’un coup de barre est nécessaire. Ce n’est pas la première fois que les élus essaient de rétablir l’équilibre générationnel, avec peu de succès jusqu’ici. Et cette fois encore, c’est mal parti.

Lisez l’étude (en anglais)