(Montréal) Dans un souci de transparence et pour mieux faire comprendre ses décisions, la Banque du Canada publiera à partir de janvier un compte rendu des discussions qui la conduisent à augmenter ou pas son taux directeur.

« En donnant plus d’informations sur nos décisions de politique monétaire, on aide les gens à mieux comprendre ce qu’on fait et pourquoi on le fait », a dit Sharon Kozicki, sous-gouverneure de la banque centrale, en faisant cette annonce jeudi à Montréal devant les membres de l’Institut de développement urbain.

La Banque du Canada se conforme ainsi aux recommandations du Fonds monétaire international, qui demande plus de transparence de la part des banques centrales dans la conduite de leur politique monétaire. Elle imite aussi la Réserve fédérale américaine, qui publie déjà un résumé détaillé des réunions du Comité fédéral des marchés ouverts (FOMC) deux semaines après l’annonce de ses décisions en matière de taux d’intérêt.

« Notre nouveau résumé va fournir des détails sur les questions abordées pendant les délibérations, et sur la façon dont le Conseil de direction est arrivé à un consensus », a précisé la sous-gouverneure au sujet de cette publication qui sera offerte sur le site web de la banque centrale.

Comme toutes les banques centrales, la Banque du Canada doit convaincre la population du bien-fondé de ses décisions, parce que sa crédibilité est son plus important outil.

Récemment, elle a employé toutes sortes de moyens pour mieux expliquer sa mission au grand public, y compris en utilisant les réseaux sociaux.

Cette transparence est nécessaire, selon Sharon Kozicki. « En fin de compte, ça rend la politique monétaire plus efficace », a-t-elle dit.

Expliquer la hausse de 50 points

Dans le discours qu’elle a prononcé à Montréal, Mme Kozicki a donné un aperçu des discussions qui ont conduit la Banque du Canada à relever les taux d’intérêt pour la septième fois en neuf mois.

La banque centrale a opté pour une hausse importante de 50 points de base, à 4,25 %, plutôt que de 25 points comme beaucoup d’économistes le prévoyaient parce que l’inflation commence à donner des signes d’apaisement.

Les dirigeants de la Banque du Canada constatent que malgré la croissance économique qui reste solide, le marché du logement se contracte et la consommation de biens ralentit.

On pense donc que les mesures de politique monétaire qu’on a prises pour rééquilibrer l’offre et la demande fonctionnent.

Sharon Kozicki, sous-gouverneure de la Banque du Canada

Mais la demande est encore trop forte, selon la Banque du Canada. « On a tous vu comment cette demande excédentaire se manifeste. Par de longs délais de livraison, des files d’attente au restaurant, des produits en rupture de stock ou des entrepreneurs qui ne craignent pas de perdre des clients s’ils montent leurs prix », a illustré Mme Kozicki.

L’inflation a ralenti aussi, mais pas assez aux yeux de la banque centrale. « Pour se rapprocher de notre cible, il faut que l’inflation sur trois mois baisse encore plus, et que cette baisse soit durable », a-t-elle insisté.

La Banque du Canada a sept semaines de données économiques à digérer avant sa prochaine décision sur les taux, le 25 janvier. Elle évaluera si de nouvelles mesures sont nécessaires, « mais si les chiffres sont plus élevés que prévu, on est prêts à agir avec force », a fait savoir Sharon Kozicki.