(Washington) L’inflation a ralenti en octobre aux États-Unis, selon l’indice privilégié par la Banque centrale américaine, tandis que les Américains ont continué à dépenser, profitant de revenus en hausse également et puisant dans leur épargne, mais la récession menace toujours.

La hausse des prix à la consommation s’est élevée en octobre à 6,0 % sur un an contre 6,3 % en septembre, selon l’indice PCE publié jeudi par le département du Commerce.

Sur un mois seulement, l’inflation est stable, à 0,3 %, surprenant les analystes qui s’attendaient à une légère accélération et tablaient sur 0,4 %.

Le président américain Joe Biden, au moment où il accueillait à la Maison-Blanche son homologue français Emmanuel Macron, a déclaré dans un communiqué : « Nous voyons les premiers signes de progrès dans la lutte contre l’inflation. »

Il a averti cependant qu’« il faudra du temps pour ramener l’inflation à la normale – et il pourrait y avoir des revers en cours de route ».

L’inflation, à des niveaux inédits sur les 12 derniers mois depuis le début des années 1980, est la priorité de la Fed. Celle-ci relève ses taux pour faire ralentir la consommation, et desserrer cette pression sur les prix.

L’indice PCE de l’inflation est celui qu’elle privilégie, et souhaite le ramener à 2 %, niveau considéré comme sain pour l’économie.

Une autre mesure, l’indice CPI, utilisée pour l’indexation des retraites, avait également montré un ralentissement en octobre, à 7,7 % sur un an contre 8,2 % en septembre, un plus bas depuis janvier 2022.

L’épargne se réduit

Par ailleurs, les ménages ont vu en octobre leurs revenus augmenter de 0,7 % sur un mois, selon le gouvernement, une hausse supérieure à celle de septembre (0,4 %), grâce aux augmentations de salaires et de prestations sociales.

Les dépenses ont, elles, progressé, en hausse de 0,8 % (contre + 0,6 % en septembre). Les Américains ont notamment acheté de l’essence et des voitures, et ont dépensé davantage pour se nourrir et se loger.

Il leur a cependant fallu puiser dans leurs économies : le taux d’épargne par rapport au revenu disponible est tombé à 2,3 %, un plus bas depuis 17 ans.

En avril 2020, sous l’effet des aides du gouvernement fédéral face à la pandémie, ce taux avait grimpé à 33,8 %, du jamais vu.

« La solide croissance des revenus maintient les consommateurs dans un état d’esprit dépensier, même si la flambée de l’inflation et les taux d’intérêt élevés les dépriment face à l’environnement économique », relève Oren Klachkin, économiste pour Oxford Economics.

« Pour l’avenir, nous prévoyons que la machine à emplois ralentira puis se bloquera alors que l’économie sombrera dans une récession en 2023 », alerte-t-il.

La croissance américaine avait rebondi au deuxième trimestre après s’être contractée au premier semestre.

La saison des Fêtes a démarré en fanfare, avec les journées de promotion du Vendredi fou et du Cyberlundi. Les ventes sur l’ensemble de la saison devraient progresser de 6 à 8 % par rapport à l’an dernier, anticipe la Fédération nationale de la distribution (NRF).

Mais le risque de récession plane cependant toujours sur l’économie américaine. L’activité manufacturière est en repli en novembre, pour la première fois depuis mai 2020, selon l’indice ISM publié jeudi également.