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J’aimerais savoir où Loto-Québec prend l’argent qu’elle distribue dans toutes ses loteries ? À ce que je sache, Loto-Québec est un organisme gouvernemental et comme le gouvernement gère l’argent des contribuables, est-ce que cela signifie que le gouvernement redonne de l’argent trop perçu ? Si tel est le cas, les Québécois ont toutes les raisons de se plaindre d’être trop taxés.

S. Paradis

L’occasion est belle de démystifier un peu le fonctionnement d’une société d’État comme Loto-Québec. D’abord, vous n’avez pas à vous inquiéter, monsieur Paradis, les loteries ne coûtent techniquement rien au gouvernement du Québec et, mieux, lui ont rapporté 1,1 milliard l’an dernier, soit le dividende versé par Loto-Québec. La société d’État a par ailleurs redonné 1,5 milliard aux gagnants, selon son rapport annuel couvrant ses activités du 31 mars 2021 au 31 mars 2022.

Tout cet argent provient évidemment des recettes des ventes de billets, des mises des joueurs dans les établissements et en ligne. Loto-Québec ne précise pas dans son rapport annuel ce montant de revenus bruts. On n’y présente que les « produits », c’est-à-dire les recettes dont on déduit les lots attribués aux gagnants et certaines autres dépenses, explique-t-on à la société d’État.

Globalement, pour tous ses tirages, casinos, « gratteux » et jeux en ligne, Loto-Québec a dégagé des « produits » de 2,2 milliards en 2021-2022. Si on se concentre uniquement sur le secteur des loteries, qui comprend des loteries à tirage comme Lotto Max et Lotto 6/49, des loteries « instants » comme La Poule aux œufs d’or et des « paris sur évènements », surtout sportifs, on a rapporté pour 2021-2022 des produits de 1,043 milliard. Il s’agit des meilleurs résultats jamais enregistrés pour le secteur des loteries, surtout attribuables à l’engouement qu’a suscité cette année Lotto Max, explique Renaud Dugas, porte-parole de Loto-Québec.

« On a eu des séquences de gros lots majeurs, des cagnottes records de 140 millions et des séquences où les gros lots n’étaient pas gagnés, ce qui est exceptionnel. »

Anonymat interdit

Des loteries comme Lotto Max et Lotto 6/49 sont offertes dans tout le Canada. Chaque société d’État responsable y ajoute ses recettes, ce qui permet d’offrir des gros lots qu’il serait impossible d’atteindre dans chaque province. C’est ainsi qu’on a pu remettre le 7 juin dernier le lot le plus important de l’histoire de Loto-Québec, un gros lot de 70 millions et sept plus petits lots, à un résidant de la Montérégie, Marcel J. Lussier.

« Avec le marché québécois seulement, on n’aurait pas le bassin de population pour offrir des gros lots de ce type », précise M. Dugas.

On l’oublie parfois, mais un gagnant ne peut choisir l’anonymat. En signant un billet, vous consentez du même coup à la publication, si Loto-Québec « le juge opportun », de votre nom, de votre région et de votre photographie. « Ça fait partie de l’intégrité du jeu, les gens qui achètent des billets veulent s’assurer que les gagnants sont de vraies personnes », dit Renaud Dugas. Pratiquement tous les gagnants de lots de 10 000 $ et plus font l’objet d’une mention sur le site de Loto-Québec. Les plus gros lots, eux, font l’objet d’une conférence de presse et les gagnants voient souvent leur nom publié dans la plupart des médias québécois.

« On les encadre, quand même, c’est fait de façon très professionnelle, assure le porte-parole. On les conseille, et on les rappelle deux mois, six mois après. De façon générale, ça se passe super bien. »

Chacun son lot

Comment calcule-t-on le montant des lots ? Tout dépend du jeu. Lotto Max et Lotto 6/49, par exemple, ont un taux de retour théorique de 48 %. Si les Québécois achètent par exemple des billets d’une valeur globale de 10 millions, 4,8 millions seront reversés à des centaines de gagnants. Même s’il s’agit des deux produits les plus populaires, ils ne sont pas les plus payants. Des loteries comme Triplex et La Poule aux œufs d’or, notamment, ont des taux de retour théorique de 57,8 % et 65,45 %.

Ce taux de retour théorique ne signifie évidemment pas que vous pourrez poursuivre Loto-Québec si vous ne gagnez pas. Pour le Lotto 6/49, par exemple, on estime que vous avez 1 chance sur 6,6 de remporter un lot, généralement minime. Pour le gros lot, les chances sont très minces, 1 sur 13 983 816. Statistiquement, même en achetant un billet par semaine toute votre vie d’adulte pendant 62 ans, vous avez 1 chance sur 4140 de remporter une fois le gros lot.

Consultez notre section « Démystifier l’économie »

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