(Omaha) Les consommateurs américains pourraient faire face à des prix de l’essence plus élevés et à des pénuries de certains de leurs produits d’épicerie préférés pendant le temps des fêtes si les compagnies de chemins de fer et leurs syndicats ne parviennent pas à s’entendre sur de nouveaux contrats de travail avant le début décembre.

La probabilité d’une grève qui pourrait paralyser le trafic ferroviaire des États-Unis a augmenté lundi lorsque le plus grand des 12 syndicats ferroviaires, qui représente principalement des chefs de train, a rejeté la dernière offre patronale qui comprenait des augmentations salariales de 24 %. Avec quatre des 12 syndicats qui attendent un meilleur accord, il pourrait incomber au Congrès américain d’en imposer un afin de protéger l’économie du pays.

La Retail Industry Leaders Association a indiqué qu’une grève des chemins de fer « causerait d’énormes perturbations dans le flux de marchandises à l’échelle nationale », bien que les magasins de détail soient bien approvisionnés pour la période des Fêtes.

On ne sait pas ce qu’une grève signifierait pour les colis, car Fedex et UPS, qui dépendent tous deux du chemin de fer dans une certaine mesure, n’ont pas commenté en détail.

« Heureusement, les cadeaux des Fêtes de cette année sont déjà dans les rayons des magasins. Mais une interruption du transport ferroviaire pose un défi important pour la livraison à temps d’articles comme les produits alimentaires périssables et les achats en ligne, et cela ajoutera sans aucun doute aux pressions inflationnistes qui frappent déjà l’économie américaine », a expliqué Jess Dankert, vice-présidente du groupe qui représente plus de 200 grands détaillants.

Même se rapprocher de la date limite pourrait causer des problèmes, car les chemins de fer gèleront à l’avance les expéditions de produits chimiques et de denrées périssables. Et les voyageurs pourraient être bloqués en cas de grève, car plusieurs compagnies de train de passagers fonctionnent sur des voies appartenant aux entreprises de fret.

Presque toutes les industries pourraient être touchées, car bon nombre d’entre elles ont besoin de chemins de fer pour livrer leurs matières premières et leurs produits finis. Et il n’y a pas assez de camions pour prendre le relais.

Il n’y a pas de menace immédiate de grève même si quatre syndicats ont rejeté les accords que l’administration Biden a contribué à négocier avant la date limite initiale de grève en septembre dernier. Ces syndicats ont accepté de retourner à la table de négociation pour tenter de conclure un nouvel accord avant la nouvelle date limite de grève fixée au 5 décembre. Or, ces pourparlers sont dans l’impasse, car les directions refusent d’envisager d’ajouter des congés de maladie payés aux conventions collectives de cinq ans qu’ils ont proposées, qui prévoient des augmentations de 24 % et des primes de 5000 $.

Les ingénieurs des chemins de fer ont voté lundi pour rejoindre sept petits syndicats en approuvant le contrant proposé, mais le plus grand syndicat qui représente les chefs de train a rejeté l’offre, rejoignant ainsi trois autres syndicats qui avaient précédemment voté « non ».

Il semble de plus en plus probable que le Congrès devra trancher le différend. Les législateurs ont le pouvoir d’imposer des clauses contractuelles si les deux parties ne parviennent pas à un accord, et des centaines de groupes d’entreprises ont exhorté le Congrès et le président Joe Biden à se tenir prêts à intervenir.

Les travailleurs frustrés par les horaires exigeants et les importantes suppressions d’emplois dans l’industrie ont rejeté ces contrats parce qu’ils ne feraient pas assez pour résoudre les principales préoccupations des travailleurs en matière de qualité de vie. Les accords pour les ingénieurs et les chefs de train comprenaient une promesse d’essayer d’améliorer la programmation des jours de congé réguliers et de négocier davantage les détails de ces horaires dans chaque chemin de fer.

Ces deux syndicats ont également reçu trois jours de congé non rémunérés par an pour répondre à des besoins médicaux, à condition qu’ils soient programmés au moins 30 jours à l’avance, et les directions ont déclaré qu’ils ne pénaliseraient pas les travailleurs hospitalisés en vertu de leurs politiques de présence strictes.

Les chemins de fer ont également perdu leur offre de réduire la taille des équipages à une personne dans le cadre des négociations. Mais les chefs de train de la division des transports de l’association internationale des travailleurs de la tôlerie, de l’air, des chemins de fer et des transports (SMART) ont toujours rejeté l’accord de justesse à environ 51 %. Une plus petite division du syndicat SMART-TD qui représente environ 1300 chefs de triage a approuvé l’accord.

« La balle est maintenant dans le camp des chemins de fer. Voyons ce qu’ils font. Ils peuvent régler cela à la table de négociation, a indiqué le président de SMART-TD, Jeremy Ferguson. Cependant, les dirigeants des chemins de fer qui se plaignent constamment de l’ingérence du gouvernement, des régulateurs et du Congrès veulent maintenant que le Congrès fasse la négociation pour eux. »

Les chemins de fer soutiennent que les accords avec les syndicats devraient suivre de près les recommandations faites cet été par un panel spécial d’arbitres nommés par le président Biden. C’est en partie la raison pour laquelle ils ne veulent pas offrir de congés de maladie payés. De plus, les chemins de fer affirment que les syndicats ont convenu au fil des ans de renoncer aux congés de maladie payés au profit d’un salaire plus élevé et de solides prestations d’invalidité à court terme.

Les syndicats plaident de leur côté qu’il est grand temps que les chemins de fer offrent des congés de maladie payés et que la pandémie en a mis en évidence la nécessité.

Le groupe qui négocie au nom des chemins de fer a dit lundi que les syndicats qui ont rejeté leurs accords ne devraient pas s’attendre à recevoir plus que ce que les arbitres du conseil présidentiel d’urgence ont recommandé.