(Ottawa) Le ministre des Transports, Omar Alghabra, estime qu’une plus grande collaboration entre les ports de Montréal, de Trois-Rivières et de Québec est nécessaire pour faire du Saint-Laurent la porte d’entrée de choix de l’est du pays vers le marché nord-américain.

M. Alghabra ouvre donc toute grande la porte à une nouvelle ère de collaboration entre les administrations de ces trois ports dans un projet de loi qu’il a déposé jeudi à la Chambre des communes.

Le projet de loi C-33 vise à renforcer le réseau portuaire et la sécurité ferroviaire au Canada au moment où les chaînes d’approvisionnement sont en pleine restructuration aux quatre coins du monde à cause des perturbations causées par la pandémie de COVID-19.

Il représente le fruit d’une série de consultations menées au cours des derniers mois auprès des intervenants de l’industrie des transports au pays.

Le projet de loi va encourager les ports à collaborer. Évidemment, il faut travailler sur les détails précis de cette collaboration. Le but est de traiter les ports dans une perspective régionale et non plus d’une manière individuelle comme ce fut le cas dans le passé. Le but est de faire en sorte qu’ils forment ensemble une porte d’entrée stratégique.

Omar Alghabra, ministre des Transports

À eux trois, les ports manutentionnent annuellement 72,4 millions de tonnes de marchandises diverses, de conteneurs, de marchandises générales non conteneurisées ainsi que de vracs solides et liquides.

Selon M. Alghabra, une collaboration approfondie mènera à des investissements stratégiques qui permettront d’améliorer les services et le rendement des installations, tout en renforçant la chaîne d’approvisionnement.

Il a fait valoir que son projet de loi allait favoriser un climat d’investissement « clair et prévisible » – une condition essentielle pour que les investisseurs délient les cordons de leur bourse. Il a dit souhaiter son adoption au plus tard en juin prochain.

« Il s’agit non seulement d’unir les forces vives pour affronter la concurrence internationale, mais aussi de déployer nos ressources d’une manière plus intelligente pour éviter les dédoublements, pour encourager le partage d’informations et de meilleures pratiques. Nous voulons que nos ports soient concurrentiels non seulement ici, mais à l’échelle internationale », a-t-il dit à La Presse.

M. Alghabra souhaite qu’une telle collaboration se noue aussi entre les ports de la Colombie-Britannique et ceux des provinces maritimes pour qu’ils deviennent aussi des plaques tournantes du commerce maritime.

Partage d'informations

Parmi les autres mesures du projet de loi, le ministre estime que la collecte et le partage d’informations numérisées entre les ports, les compagnies ferroviaires et les entreprises de camionnage vont rendre la chaîne d’approvisionnement plus efficace. Ainsi, un client devrait être en mesure de savoir où se trouve sa marchandise, peu importe qu’elle se trouve au port, dans un wagon ou dans la remorque d’un camion.

Le ministre des Transports répond donc à une demande des administrations portuaires de Montréal, de Québec et de Trois-Rivières qui, en juin, ont soutenu qu’Ottawa devait éliminer les obstacles à une plus grande collaboration en modifiant la Loi maritime du Canada. Cette loi encadre le fonctionnement des administrations portuaires du pays à l’heure actuelle et elle limite considérablement de tels partenariats.

En plus de faire ce plaidoyer, les administrations portuaires ont créé un groupe de travail pour cibler les initiatives pour lesquelles il serait possible d’unir leurs forces pour maximiser les retombées sur le plan économique et environnemental de la voie maritime du Saint-Laurent.

Entre autres choses, le groupe de travail devait évaluer s’il est possible d’améliorer la compétitivité du corridor Saint-Laurent en renforçant la connexion entre les ports et les réseaux de transport par camion et train, en misant sur une stratégie commune de marketing ou en assurant une plus grande compatibilité des systèmes technologiques, par exemple.

Invitées à commenter le projet de loi du ministre des Transports, les administrations portuaires de Montréal, de Québec et de Trois-Rivières ont indiqué vouloir prendre le temps de l’analyser avant de se prononcer.