Le chef de la direction de la Banque de Montréal (BMO), Darryl White, a fait un plaidoyer en faveur de l’immigration et a défendu le secteur pétrolier canadien, mais il n’a pas abordé le sujet de l’heure dans l’industrie financière : la hausse des taux d’intérêt, lors d’un discours à Montréal, mercredi.

L’économie du Québec a besoin de l’apport de l’immigration pour continuer de croître, a plaidé le grand patron de la BMO lors d’une allocution devant le Cercle canadien. « Sans cela, nous perpétuerons le fait que, comparativement au reste du Canada, la population du Québec vieillit. Au Québec, il y a [en proportion] maintenant plus de personnes de plus de 65 ans et moins de personnes de moins de 20 ans que dans l’ensemble du Canada. »

M. White a souligné que l’immigration permettait au Canada de se démarquer. Avec une croissance démographique de 1,8 %, la population canadienne affiche la plus forte progression des pays du G7.

Le banquier a refusé de répondre aux questions des médias après son allocution. Que pense la BMO de la politique en immigration du gouvernement Legault, qui prévoit des seuils d’immigration de 50 000, tandis que des organismes du milieu des affaires comme le Conseil du patronat jugent que les seuils doivent être haussés aux alentours de 100 000 personnes ?

Le président de la BMO pour le Québec, Grégoire Baillargeon, n’a pas voulu se prononcer, lors d’une mêlée de presse. « Je ne commenterai pas les chiffres du gouvernement. »

Hausse des taux d’intérêt

L’allocution coïncidait avec le jour où la Banque du Canada a annoncé qu’elle augmentait son taux directeur de 50 points de base. M. White n’a pas abordé le sujet de l’heure et son bras droit au Québec a dit qu’il ne voulait pas commenter le sujet.

La Banque de Montréal a annoncé, dans un communiqué, qu’elle suivait la Banque du Canada en augmentant son taux préférentiel, de 5,45 % à 5,95 %. Cela a pour effet d’augmenter le coût d’emprunt des consommateurs.

La hausse des taux d’intérêt est favorable au secteur bancaire en lui permettant d’augmenter les marges des banques sur les prêts. Cette même hausse représente toutefois un risque, car les finances des ménages sont plus serrées.

« La Banque du Montréal a l’une des plus petites expositions au marché immobilier résidentiel au Canada, souligne Eric Compton, de Morningstar. Nous croyons que ce risque est gérable. »

« S’il y a des incertitudes par rapport à l’endettement des ménages, nous les considérons comme une menace pour la croissance future, pas un risque existentiel au système bancaire canadien », ajoute l’analyste.

Lors du dévoilement des plus récents résultats de la BMO en août, le chef de la gestion des risques, Patrick Cronin, a dit que l’augmentation des taux d’intérêt pourrait avoir un effet à la hausse sur les provisions pour pertes. « Nous anticipons que la hausse des taux d’intérêt affecte les ménages lorsqu’ils vont refinancer ou renouveler leur hypothèque, ce qui pourrait amener une augmentation des défauts de paiement », a-t-il dit lors d’une conférence téléphonique avec les analystes.

L’action de BMO gagnait 1,48 $, ou 1,19 %, à 126,07 $ à la fin de la séance de la Bourse de Toronto.

Hydrocarbures et logo du CH

Dans sa présentation, M. White s’est porté à la défense du secteur pétrolier, nécessaire selon lui pour assurer la transition énergétique. « Il faudra investir davantage dans des sources renouvelables évolutives, mais aussi veiller à soutenir les secteurs à forte intensité carbonique pour les aider à réduire leurs émissions. »

À la blague, M. White a abordé la controverse entourant l’apposition du logo de la Banque Royale (RBC) sur le chandail du Canadien de Montréal. Greenpeace avait critiqué cette décision, dénonçant le fait que l’institution finance les hydrocarbures.

« Le Canada a beaucoup de choses qui jouent en sa faveur, même si nous avons maintenant une équipe avec le mauvais logo sur son chandail », a dit le banquier, soulevant les rires de la foule.