Au moment où les villes du Québec réclament toujours 2 milliards de dollars par année pour faire face aux conséquences des changements climatiques, un nouveau rapport de l’Institut climatique du Canada met en lumière les défis économiques pour le Canada et les provinces d’ici la fin du siècle.

Une baisse des revenus pour les gouvernements et une hausse importante des dépenses. C’est ce qui attend le Canada d’ici la fin du siècle en raison des changements climatiques, prévient l’Institut climatique du Canada (ICC) dans son plus récent rapport.

D’ici 2100, les changements climatiques pourraient entraîner des pertes annuelles de revenus de l’ordre de 865 milliards de dollars au Canada, soit six fois les revenus du gouvernement du Québec en 2022-2023. Le nord du pays et l’Alberta seront les régions les plus touchées, selon l’organisme de recherche sur les politiques climatiques au pays.

En 2050, les pertes de revenus au Canada pourraient déjà totaliser 101 milliards de dollars par année dans un scénario d’émissions élevées de gaz à effet de serre (GES). Les pertes seraient de 78 milliards annuellement dans un scénario d’émissions modérées.

Ces estimations ont été calculées dans le cadre du plus récent rapport de l’Institut climatique du Canada, intitulé Limiter les dégâts : réduire les coûts des impacts climatiques pour le Canada.

Un rapport que salue Martin Damphousse, premier vice-président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et maire de Varennes. « Ce qu’on ne prévient pas aujourd’hui, ça va nous coûter beaucoup plus cher tantôt », affirme-t-il. Selon lui, le rapport de l’Institut climatique du Canada va dans le même sens qu’un rapport dévoilé récemment par l’UMQ, préparé par le consortium Ouranos.

« Il faut agir dans un court laps de temps », dit-il, donnant en exemple l’érosion des berges dans sa municipalité située le long du fleuve Saint-Laurent. « On a perdu 5 mètres au cours des 5 dernières années. Si on ne fait rien, on va perdre une piste cyclable l’an prochain. »

Le rapport de l’ICC signale entre autres que « les changements climatiques posent un risque fiscal qui menace de bouleverser les dépenses gouvernementales ». « Les gouvernements subiront des pressions budgétaires liées au climat en raison du ralentissement de la croissance économique combiné à la nécessité grandissante de faire face aux catastrophes météorologiques, de réparer les infrastructures et de répondre aux besoins croissants en matière de santé. »

Les pertes de revenus pour les ménages pourraient s’avérer importantes, particulièrement pour les personnes à plus faibles revenus. D’ici 2100, les ménages à revenus moyens pourraient perdre jusqu’à 19 % de leurs revenus en raison des changements climatiques.

Selon l’organisme, « la réduction des émissions [de GES à l’échelle mondiale] et l’adaptation proactive sont nos meilleures options pour réduire leurs coûts ». Les deux mesures combinées pourraient réduire de 75 % les pertes totales du PIB au Canada, estime-t-on.

Le rapport recommande notamment que les gouvernements intègrent les répercussions climatiques et les politiques d’adaptation à leurs orientations économiques. Des mesures similaires devraient aussi être adoptées par le secteur privé.

Selon le rapport, « la plupart des filières économiques au pays seront fragilisées, tous scénarios confondus. » Les secteurs de la fabrication, des services et des transports seront les plus durement frappés.

En savoir plus
  • 2,9 millions
    Le nombre de pertes d’emplois liées aux changements climatiques pourrait atteindre 2,9 millions d’ici la fin du siècle.
    Institut climatique du Canada
    19 %
    D’ici la fin du siècle, les ménages à revenu moyen pourraient perdre 19 % de leurs revenus en raison des conséquences des changements climatiques.
    institut climatique du Canada