(Ottawa) L’inflation annuelle ralentit plus rapidement que prévu, a indiqué mardi Statistique Canada, mais les économistes ne s’attendent pas pour autant à ce que la Banque du Canada renonce à sa lutte contre les hausses de prix.

L’inflation annuelle a ralenti à 7,0 % en août au pays, a indiqué mardi Statistique Canada dans son rapport mensuel sur l’indice des prix à la consommation.

Avant la publication des données, la Banque Royale tablait sur une inflation de 7,2 % pour le mois d’août.

Le ralentissement était principalement attribuable à la chute du prix de l’essence, mais les consommateurs restent fortement confrontés à l’inflation à l’épicerie. Les prix des aliments ont augmenté en août à leur cadence la plus rapide depuis 1981, grimpant de 10,8 % par rapport au même mois l’an dernier.

En excluant les prix de l’essence, l’inflation d’une année à l’autre était de 6,3 % en août. C’était en outre la première fois depuis juin 2021 que l’inflation annuelle excluant l’essence montrait un ralentissement.

« C’est à peu près le meilleur rapport sur l’inflation que nous pouvions espérer », a noté le directeur général et spécialiste en stratégie pour les taux canadiens et la macroéconomie à la Banque de Montréal, Benjamin Reitzes, dans un courriel à ses clients.

La Banque du Canada portera une attention particulière à ses mesures préférées de l’inflation de base. Cette dernière exclut les produits dont les prix sont plus volatils, ce qui aide la banque à passer outre les variations temporaires de l’indice des prix à la consommation. Ces mesures de l’inflation sous-jacente signalent toutes, elles aussi, un ralentissement de l’inflation annuelle en août.

Randall Bartlett, directeur principal pour l’économie canadienne chez Desjardins, a souligné que même si les dernières données étaient de bonnes nouvelles, la Banque du Canada continuera probablement de hausser les taux d’intérêt.

« Nous ne pensons pas que ce rapport suggère que la Banque du Canada est sur le point de dire “mission accomplie », a-t-il expliqué. Mais c’est certainement une bonne nouvelle, et cela suggère que l’inflation va dans la bonne direction. »

La Banque du Canada s’est concentrée sur la réduction des attentes d’inflation, qui étaient élevées dans les récents sondages. Si les attentes des gens commencent à baisser, M. Bartlett estime que cela pourrait influencer les décisions futures de la banque en matière de taux d’intérêt et son ton général au sujet de l’inflation.

Plus tôt ce mois-ci, la Banque du Canada a relevé son taux directeur pour la cinquième fois cette année, le portant ainsi à 3,25 %.

La banque devrait faire sa prochaine annonce de taux le 26 octobre. Elle a déjà prévenu que d’autres hausses de taux d’intérêt seraient nécessaires pour ramener l’inflation à son objectif de 2,0 %.

La Banque TD s’attend toujours à une autre hausse des taux d’intérêt en octobre et à ce que la banque ramène son taux directeur à 4,0 % d’ici la fin de l’année.

Les prix des aliments toujours élevés

Par ailleurs, l’écart entre l’inflation et les salaires se rétrécit, le salaire horaire moyen ayant augmenté de 5,4 % en août sur une base annuelle.

Malgré le ralentissement de l’inflation d’ensemble, le coût de la vie demeure obstinément élevé pour les Canadiens.

D’un mois à l’autre, les prix à la consommation ont généralement été légèrement inférieurs en août, par rapport à juillet.

Statistique Canada a souligné que la baisse de 0,3 % de l’IPC de juillet à août était la plus forte, sur une base mensuelle, depuis les premiers mois de la pandémie.

Les prix des produits de boulangerie ont augmenté de 15,4 % le mois dernier, sur une base annuelle, tandis que les prix des fruits frais ont augmenté de 13,2 % par rapport à il y a un an.

Statistique Canada attribue l’accélération des prix des aliments aux perturbations continues de la chaîne d’approvisionnement, à l’invasion russe de l’Ukraine, aux conditions météorologiques extrêmes et à la hausse des coûts des intrants.

Pour ce qui est du ralentissement de l’inflation globale, l’agence fédérale a expliqué que les prix des transports et du logement étaient à l’origine de la décélération des prix à la consommation.

Les prix de l’essence ont augmenté de 22,1 % en août, par rapport au même mois l’an dernier, mais leur croissance annuelle était moins élevée que celle de 35,6 % enregistrée en juillet. Depuis juin, les prix de l’essence ont diminué de 18,8 %.

Les coûts du logement ont légèrement diminué de juillet à août, mais sont demeurés supérieurs de 6,6 % à ceux d’il y a un an.