Alors que des signes de ralentissement apparaissent aux États-Unis et ailleurs dans le monde, l’économie canadienne tient encore le coup. Le produit intérieur brut a progressé de 0,8 % au deuxième trimestre, ce qui lui donne un rythme de croissance annuelle de 3,3 %.

C’est inférieur à la croissance de 4 % prévue par la Banque du Canada dans ses prévisions de juillet, mais c’est « loin d’être un désastre », a commenté l’économiste de la CIBC Andrew Grantham.

Les économistes de la Banque Nationale sont du même avis. « La performance de l’économie canadienne est tout à fait enviable par rapport au reste [des pays] du G7 », estiment Matthieu Arseneau et Alexandra Ducharme dans leur commentaire aux investisseurs.

Les consommateurs qui retournent au bureau, sortent davantage et recommencent à voyager ont mené la croissance du deuxième trimestre. Les dépenses en vêtements et en chaussures du côté des biens, et le transport aérien, les services de repas et de boissons alcoolisées, de même que l’hébergement, ont fortement augmenté pendant les mois d’avril, mai et juin, rapporte Statistique Canada. Au total, les consommateurs ont augmenté leurs dépenses de 9,7 %.

Par contre, l’investissement résidentiel, qui inclut les dépenses de rénovation, a reculé de 27,6 %, une baisse dont l’ampleur était inattendue, après deux trimestres de forte hausse. « La faiblesse des investissements résidentiels a surpris les prévisionnistes », reconnaît Randall Bartlett, directeur principal, économie canadienne, chez Desjardins. Avec la hausse des taux d’intérêt qui a commencé à refroidir le marché de l’habitation, cette tendance à la baisse se poursuivra au troisième trimestre, selon lui.

L’autre surprise du deuxième trimestre concerne les importations, qui affichent une hausse spectaculaire de 30,5 % et qui ont plus qu’annulé l’augmentation des exportations, pourtant stimulées par le prix élevé du pétrole brut. La reprise des voyages ainsi que l’achat de voitures hybrides et électriques très populaires, alors que les prix de l’essence sont élevés, expliquent en partie le bond des exportations, selon Statistique Canada.

Vers une hausse de 75 points ?

Le portrait du deuxième trimestre n’a rien pour faire dévier la Banque du Canada de sa volonté d’augmenter les taux d’intérêt pour combattre l’inflation, qui reste très élevée, à 7,6 % (chiffres de juillet).

Les estimations provisoires de Statistique Canada indiquent que le troisième trimestre a commencé avec un recul de l’économie de 0,1 % en juillet, et tout indique que la croissance ralentira d’ici la fin de l’année.

Plusieurs économistes s’attendent quand même à une augmentation de 75 points de base, après la hausse surprise de 100 points de base ou 1 % du taux directeur en juillet. Si ça s’avère, le taux directeur passera à 3,25 %, soit au-dessus du seuil dit neutre de 3 % à partir duquel les risques de récession pourraient augmenter considérablement.

La prochaine décision de la Banque du Canada sur les taux d’intérêt sera connue le mercredi 7 septembre.

Recul du taux d’épargne

Pendant ce temps, la lecture préliminaire de Statistique Canada pour juillet indique une contraction de 0,1 %. Les économistes s’attendent largement à ce qu’un ralentissement économique se produise.

La mesure dans laquelle les Canadiens ressentiront le ralentissement dépendra de leur situation personnelle, a estimé M. Porter – notamment du secteur dans lequel ils travaillent, et du fait qu’ils soient emprunteurs ou épargnants.

En outre, les salaires ont augmenté de 2 % au deuxième trimestre, l’Ontario et l’Alberta contribuant le plus à l’augmentation nationale, a précisé Statistique Canada. La croissance des salaires des provinces de l’Atlantique pour le trimestre était presque le double du taux national.

Alors que le revenu disponible des ménages a augmenté, leur taux d’épargne est passé de 9,5 % au premier trimestre à 6,2 %, principalement en raison de l’inflation. Cependant, le taux d’épargne reste bien supérieur aux niveaux d’avant la pandémie – il était de 2,7 % à la fin de 2019. Bien que le rapport fournisse le taux d’épargne global, Statistique Canada a noté que les taux d’épargne avaient tendance à être plus élevés chez les personnes dans les tranches de revenu les plus élevées.

« Même si ces estimations laissent supposer que la résilience de l’épargne nette des ménages se poursuit, les pressions inflationnistes sur la consommation et les tendances de la rémunération des salariés seront vraisemblablement des facteurs déterminants clés des résultats futurs », a indiqué l’agence dans son rapport.

Avec La Presse Canadienne