La nouvelle organisation du travail bouleverse le centre-ville et a un impact sur ses activités économiques. Qu’adviendra-t-il de l’immobilier commercial ? La Chambre de commerce du Montréal métropolitain a dévoilé son Guide sur les pratiques exemplaires et innovantes en immobilier commercial à Montréal.

Des incitatifs pour venir au bureau

Comment convaincre un employé qui aime travailler en pantoufles dans son salon et dormir une heure de plus le matin ? Il lui faut des mesures incitatives formelles comme des récompenses et des avantages, conclut le Guide rédigé après avoir consulté et sondé les employeurs et propriétaires du centre-ville en juin dernier.

« À la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, où trois jours par semaine sont obligatoires, on paye la carte OPUS à ceux qui viennent quatre jours ou plus, explique en entrevue Michel Leblanc, président et chef de la direction. Ces employés ont aussi des postes assignés et n’ont pas besoin de remettre leurs effets dans un casier à la fin de la journée. »

La fluidité du trajet pour venir au bureau

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Pour assurer les services de transport collectif au centre-ville, les entreprises doivent communiquer aux pouvoirs publics la nécessité de maintenir l’offre à un haut niveau.

« Quand les entreprises sondent leur personnel, [les travailleurs] disent : “Je suis prêt à revenir si le déplacement se passe bien. Je veux que le bureau soit agréable et sécuritaire, mais si c’est pour me taper du déplacement qui mine ma journée, ça ne m’intéresse pas” », relate Michel Leblanc.

Dans un monde idéal, tout le monde opterait pour le transport collectif. Or la fréquence du service n’est plus la même et les sociétés de transport n’ont plus les revenus d’avant la pandémie. Le président de la CCMM incite donc les entreprises à bien communiquer aux pouvoirs publics la nécessité de maintenir l’offre de service de transport collectif. « Ça passe par un appui soutenu du gouvernement du Québec et du Canada », souligne-t-il.

Pour les employés qui ne sont pas encore à l’aise de revenir en métro, l’accès au centre-ville et aux stationnements doit être fluide. Le Guide conseille à la Ville de Montréal de renouer avec son idée d’avoir une information en temps réel sur l’espace de stationnement disponible et de créer des ententes avec les stationnements privés pour que les tarifs soient raisonnables. Actuellement, les coûts sont de 25 $ par jour, un prix qui démotive les travailleurs.

Répondre aux besoins postpandémie

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Lieu de repos qui définit bien les espaces de chacun

Le Guide suggère aux employeurs de miser sur le bien-être du personnel — et donc sur sa productivité —, en concevant divers types d’espaces adaptés à la détente, à la concentration, à la collaboration et à la confidentialité. « Ces espaces peuvent par exemple inclure des cabines de sommeil, des cubicules isolés de différents formats, mais aussi des infrastructures adaptées au transport adapté, en plus de vestiaires et de douches », indique le document. On propose l’aménagement de salles insonorisées ou l’offre de casques insonorisants pour créer un environnement de travail efficace et agréable.

Assouplir le règlement de zonage

La Chambre souhaite envoyer un message clair à la Ville de Montréal qui veut un centre-ville attractif et surprenant, mais qui n’a pas encore dépoussiéré son cadre réglementaire rigide sur l’usage mixte des espaces.

« On voudrait faire des lieux de rassemblement intérieurs et extérieurs qui peuvent servir de l’alcool et installer de l’électricité permanente sur des terrasses extérieures », indique Michel Leblanc. Mais la panoplie de permis réclamés par la Ville (permis d’alcool, d’espace, d’utilisation, sonore, d’éclairage) décourage l’innovation.

« L’objectif est de faire en sorte que de travailler au centre-ville soit une expérience différente de ce que c’était avant la pandémie », souligne Michel Leblanc. La Chambre travaille avec des partenaires pour trouver des projets créatifs qui vont surprendre le travailleur et le visiteur.

Faire des partenariats entre les entreprises

« Ça s’inspire de ce qu’Ubisoft a fait dans son quartier, qui a voulu aider les commerces avoisinants et a voulu mettre en place un incitatif pour que les gens viennent sur les lieux de travail », explique le président de la Chambre.

Ubisoft a offert une carte prépayée qui permettait de magasiner dans les commerces du coin. Ça pourrait se faire dans les commerces souterrains des tours de bureaux et dans le Complexe Desjardins.

Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain

Autre idée : en plus de favoriser l’achat local dans des commerces à proximité, on suggère de développer des synergies d’affaires à l’intérieur même des espaces. Comment ? En sous-louant les espaces en trop à des petites entreprises connexes. La Chambre a créé le site « espacesetcie.com » qui permet à des locataires de trouver des sous-locataires. « Il y a beaucoup d’entreprises qui cherchent des espaces collaboratifs, affirme Michel Leblanc. On le voit avec Cossette qui s’est localisée chez WeWork. C’est puissant comme geste. »

Un plan clair des employeurs

Mais en priorité, chaque entreprise doit avoir un plan clair qu’elle communique aux employés, soutient Michel Leblanc. « Est-ce en mode hybride trois jours par semaine, des journées précises ou déterminées par l’employé ou six jours par deux semaines ? » Les employés doivent aussi être rassurés sur le niveau de sécurité des lieux et sentir que le milieu de travail est sain.

Une fois ces règles claires bien établies, la CCMM espère que les employés pourront découvrir un centre-ville propre, nouveau, avec des œuvres d’art, des activités interactives et des lieux intéressants pour faire du travail extérieur.

Lisez Le « Guide sur les pratiques exemplaires et innovantes en immobilier commercial à Montréal »