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Depuis peu, des firmes de courtage en ligne offrent d’effectuer sans frais des transactions de vente ou d’achat de titres. Ces compagnies ne fonctionnent certainement pas à perte. Il serait intéressant de savoir d’où elles tirent leurs revenus lorsqu’elles offrent ce service sans frais.

Jacques Larose

Au tournant des années 2000, les tarifs exigés des petits investisseurs pour acheter et vendre des actions oscillaient entre 25 $ et 40 $ par transaction, selon le courtier à escompte utilisé.

La tarification pouvait même augmenter jusqu’à 70 $ par transaction si les boursicoteurs effectuaient leurs opérations de vive voix au téléphone avec l’aide directe d’un représentant.

Depuis ce temps, la popularité de l’investissement autonome a explosé et une tendance lourde venant notamment des États-Unis a permis aux boursicoteurs de profiter de frais de transactions de moins en moins élevés.

Un engouement sans précédent pour le courtage en ligne a d’ailleurs été observé durant la pandémie.

Si bien qu’en août de l’année dernière, Banque Nationale Courtage direct est devenue le premier courtier affilié à une grande banque canadienne à adopter une tarification à zéro commission.

La filiale Disnat, du Mouvement Desjardins, a emboîté le pas le mois suivant avec une tarification semblable.

Ce ne sont toutefois pas toutes les transactions qui peuvent se faire sans commission. Les principales transactions, soit celles sur les actions et les fonds négociés en Bourse (FNB) sont sans commission, mais il y a des frais pour l’achat d’options ou sur les titres à revenu fixe, par exemple.

La norme aux États-Unis

Aux États-Unis, où la plupart des courtiers en ligne sont maintenant sans commission, un des principaux moyens de rentabiliser leurs opérations est de vendre les ordres d’achat ou de vente à des tiers qui les exécutent : en anglais, ça s’appelle payment for order flow, et c’est une pratique pour laquelle Robinhood est bien connue, souligne Julien Brault, PDG de Hardbacon, créateur de l’application de finances personnelles du même nom.

Au Canada, c’est une pratique illégale. Donc, les courtiers sans commissions doivent compter sur d’autres sources de revenus.

Julien Brault, PDG de Hardbacon

Les courtiers à commissions réduites affiliés aux institutions financières peuvent par exemple générer des revenus avec les frais annuels, les frais d’inactivité, les dépôts, les comptes sur marge (intérêts sur les prêts en argent ou en actions) et les frais de conversion de devises.

Il faut aussi savoir que le courtage en ligne n’est pas une activité relativement importante dans l’ensemble des opérations d’une grande institution financière et Julien Brault ne croit pas que ces frais soient suffisants pour rentabiliser un courtier en ligne.

Si elles offrent des services de courtage à commissions réduites, les grandes institutions financières le font davantage pour préserver la relation avec le client que pour faire des profits, selon Julien Brault.

« Le courtage sans commission est une stratégie de loss leader pour les banques et les groupes financiers comme Power Corporation, qui est notamment derrière WealthSimple », dit-il.

Consultez notre section « Démystifier l’économie en ligne »