L’emploi a reculé de 43 000 en juin au Canada. C’est la première baisse de l’emploi depuis janvier 2022, selon les données publiées vendredi par Statistique Canada.

Malgré ce recul de l’emploi, le taux de chômage a diminué de deux dixièmes de point pour s’établir à un nouveau creux record de 4,9 %, pour le quatrième mois consécutif.

Au Québec, l’emploi a diminué de 27 000 en juin, ce qui représente une deuxième baisse en trois mois.

Malgré cette baisse du nombre de personnes en emploi, le taux de chômage au Québec a peu varié, s’établissant à 4,3 %. Il continue d’ailleurs d’osciller autour d’un creux record.

Les reculs de l’emploi les plus marqués au Québec sont survenus dans le secteur des ressources naturelles ainsi que dans les technologies informatiques, la culture et les loisirs.

Dans la région métropolitaine de Montréal, tant le nombre d’emplois que le taux de chômage – à 4,7 % – ont peu varié en juin.

« Une baisse de l’emploi était inévitable à un moment donné. Mais elle est arrivée un peu plus tôt que prévu, en particulier dans les secteurs qui avaient connu un vent favorable depuis la réouverture de l’économie, indique Randall Bartlett, directeur principal d’analyse de l’économie canadienne chez Desjardins.

« Toutefois, peu importe la variation mensuelle de l’emploi, le marché du travail demeure extrêmement serré, comme en témoignent le taux de chômage à un creux record et l’accélération des salaires. »

Inflation salariale

Statistique Canada rapporte que le salaire horaire moyen a augmenté de 5,2 % sur un an, pour atteindre 31,24 $ en juin. Il s’agit d’une accélération significative par rapport à l’augmentation de 3,9 % sur un an qui avait été observée en mai, et celle de 3,3 % mesurée en avril.

« L’accélération du salaire horaire moyen à 5,2 % sur un an constitue le rythme le plus rapide jamais enregistré, si l’on exclut la pandémie au cours de laquelle un nombre massif de bas salariés ont perdu leur emploi, signale Matthieu Arseneau, chef économiste adjoint à la Banque Nationale.

« Ce résultat continue de montrer une forte demande pour les nouveaux travailleurs, ce qui contribue aux pressions salariales. Pour cette raison, la Banque du Canada doit continuer à calmer la demande en augmentant rapidement les taux d’intérêt. Je m’attends donc à une hausse de 75 points de base [0,75 %] dès la semaine prochaine », anticipe M. Arseneau.

Grâce à ce resserrement, les entreprises réaliseront que leurs besoins en main-d’œuvre ne sont peut-être pas aussi élevés qu’elles l’avaient prévu, et elles cesseront la surenchère pour attirer des employés.

Matthieu Arseneau, chef économiste adjoint à la Banque Nationale

À la Banque Royale, l’économiste en chef adjoint, Nathan Janzen, constate aussi que « la hausse des salaires en juin ne fera qu’ajouter aux inquiétudes de la Banque du Canada selon lesquelles l’inflation élevée ne diminuera pas suffisamment sans de nouvelles hausses agressives des taux d’intérêt ».

« Ça contribuera à calmer les pressions inflationnistes, anticipe M. Janzen. Mais ça signifie également que le marché du travail pourrait se détendre au fil des prochains mois, et se diriger ensuite vers une remontée du taux de chômage de manière plus significative l’année prochaine. »

Groupes d’âge

Parmi les autres données sur l’emploi en juin, Statistique Canada rapporte que le taux de chômage des personnes âgées de 25 à 54 ans a diminué de 0,2 point de pourcentage pour s’établir à 4,1 %, ce qui représente un nouveau creux record.

Parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans, le taux de chômage a reculé de 0,6 point de pourcentage pour se chiffrer à 9,2 %.

Chez les hommes âgés de 55 ans et plus, le taux de chômage de 5,2 % a peu varié en juin.

Mais chez les femmes âgées de 55 ans et plus, pour le huitième mois consécutif, le taux de chômage a diminué de 0,5 point de pourcentage pour s’établir à 3,6 % en juin.