La santé financière des régimes de retraite à prestations déterminées s’est améliorée au deuxième trimestre en dépit des pertes de valeur subies sur les marchés financiers depuis le début de l’année, signale la firme Mercer, spécialisée en analyse et gestion de régimes de retraite.

La raison de cette amélioration à contre-courant de l’actualité financière ?

« Malgré les rendements négatifs importants du côté des actifs [en marchés financiers], le bond fulgurant des taux d’intérêt des obligations a eu un effet plus que favorable sur la situation financière de la plupart des régimes de retraite à prestations déterminées », répond F. Hubert Tremblay, conseiller principal en gestion des avoirs à la firme Mercer.

« Comme l’actif des régimes de retraite à prestations déterminées est composé en partie d’obligations, la valeur de cet actif a été affectée négativement par la baisse de valeur des titres obligataires. Elle a aussi été affectée négativement par les mauvais rendements du portefeuille d’actions, explique M. Tremblay dans un échange de courriels avec La Presse.

En contrepartie, la hausse marquée des taux d’intérêt sur les obligations a eu pour effet de réduire le montant du passif de solvabilité des régimes de retraite [coût total des futures prestations aux retraités].

F. Hubert Tremblay

En fin de compte, indique le conseiller de Mercer, « la hausse des taux d’intérêt affecte négativement la valeur courante d’une partie de l’actif des caisses de retraite, alors qu’elle affecte positivement l’entièreté de leur passif [coûts des futures prestations]. Jusqu’à maintenant, on se retrouve donc avec un effet bénéfique de la hausse des taux d’intérêt obligataires sur la solvabilité financière de la plupart des régimes de retraite, et qui fait plus que compenser les mauvais rendements sur les actions en Bourse ».

Selon l’indice Mercer, qui mesure la santé financière de près de 500 régimes de retraite des secteurs public et privé au Canada, le niveau de solvabilité médian des régimes de retraite à prestations déterminées est passé de 108 % au 31 mars à 109 % au 30 juin 2022.

À l’instar du premier trimestre, les rendements des placements se sont avérés négatifs pour la plupart des régimes à prestations déterminées au deuxième trimestre de 2022, alors que les taux d’intérêt des obligations ont continué d’augmenter.

Ces taux obligataires ont augmenté de 80 et 100 points de base (soit de 0,8 % à 1 %) au cours du deuxième trimestre, selon les différentes durées des titres obligataires en marché.

Depuis le début de l’année, l’augmentation des taux d’intérêt obligataires oscille entre 160 et 230 points de base (entre 1,6 % et 2,3 %), ce qui représente une « hausse considérable en une si courte période », selon la firme Mercer.

Encore volatils

Cela dit, la santé financière des régimes de retraite à prestations déterminées risque encore d’être bousculée au cours des prochains trimestres, avertit F. Hubert Tremblay.

« La hausse des taux d’intérêt obligataires a été un facteur positif majeur dans le deuxième trimestre. Néanmoins, les régimes de retraite affrontent des vents de face comme le risque accru de récession, le conflit qui persiste en Ukraine, des niveaux d’inflation élevés qui font que les marchés financiers et les niveaux de capitalisation des régimes de retraite à prestations déterminées demeurent extrêmement volatils. »

De plus, explique M. Tremblay, « les administrateurs de régimes de retraite devront analyser l’effet d’une inflation élevée sur le ou les régimes dont ils s’occupent, ainsi que sur [la santé financière] des salariés et participants à ces régimes ».

Entre autres, il pourrait s’agir de « l’effritement du pouvoir d’achat parmi les participants à des régimes de retraite à prestations déterminées non indexées, ou de la hausse du coût des régimes de retraite à prestations indexées ».

F. Hubert Tremblay anticipe que les administrateurs de régimes de retraite à prestations déterminées devront « se préparer aux demandes des employés pour l’obtention de salaires plus élevés qui, en fin de compte, feront augmenter les coûts futurs de ces prestations de retraite qui sont fondées sur la moyenne des salaires finaux » durant les dernières années avant la retraite.

Avec la collaboration d’André Dubuc, La Presse