Les attentes d’inflation des consommateurs et des entreprises ont augmenté au cours du dernier trimestre, marqué par la hausse du coût des aliments et du carburant.

Dans les circonstances, il est plus que probable que la Banque du Canada relève son taux directeur de 75 points de base le 13 juillet, avancent les économistes de RBC et de BMO.

Le taux cible du financement à un jour passerait ainsi de 1,50 à 2,25 %, tandis que le taux officiel d’escompte, actuellement à 1,75 %, s’établirait à 2,50 %.

La Banque du Canada a publié lundi matin les plus récentes livraisons de l’Enquête sur les attentes des consommateurs au Canada et de l’Enquête sur les perspectives des entreprises.

« Les anticipations d’inflation à court terme ont atteint des niveaux record, les prix dans un an devant atteindre + 6,8 % en glissement annuel (contre + 5,1 % au premier trimestre), tandis que les gains dans deux ans devraient atteindre + 5,0 % en glissement annuel (contre + 4,6 %) », écrit l’économiste Priscilla Thiagamoorthy, de BMO, dans une note à la clientèle.

Pour ce qui est du long terme, les anticipations se sont nettement accrues au deuxième trimestre 2022. Les consommateurs croient que dans cinq ans, en 2027, l’inflation sera près de 4 % par année, deux fois plus que le taux cible fixé par la Banque du Canada en la matière.

« Ce dernier chiffre est particulièrement préoccupant, commente sa collègue Shelly Kaushik, car il indique que les attentes à long terme pourraient s’éloigner de la cible de la Banque ; cela dit, il reste inférieur au sommet de 4,3 % atteint avant la pandémie du deuxième trimestre 2018. »

Il importe de suivre de près l’évolution des anticipations inflationnistes au pays, comme le soulignait le Fonds monétaire international dans un texte de 2018 : « Dans bien des pays, le principal moteur de l’inflation repose sur l’évolution des anticipations inflationnistes à long terme. » La logique étant que si beaucoup de gens croient que les biens et services coûteront plus cher l’an prochain, ils devanceront leurs achats cette année pour économiser, ce qui aura pour effet de faire augmenter la demande pour ce bien et, par voie de conséquence, de matérialiser la hausse de prix appréhendée plus tôt que tard.

Évidemment, d’autres facteurs contribuent à l’inflation, reconnaît le FMI, « les capacités de production excédentaires et les pressions extérieures sur les prix ».

Pressions sur les entreprises

Du côté des entreprises, les attentes d’inflation à court terme ont aussi augmenté. Selon celles-ci, l’inflation restera élevée plus longtemps qu’elles ne l’envisageaient lors de la dernière enquête, « malgré le passage de la Banque à une position de resserrement plus agressive au printemps », fait remarquer Mme Kaushik.

« Près d’un quart des entreprises pensent que l’inflation restera nettement au-dessus de 2 % pendant au moins trois ans », lit-on dans le rapport. Au coup de sonde du premier trimestre, c’était 14 % des entreprises.

« Nous pensons que l’enquête d’aujourd’hui ne fait qu’augmenter les chances que la banque centrale suive la Fed américaine avec une hausse d’au moins 75 points de base en juillet », soutient RBC dans un commentaire publié lundi.

« La persistance de la hausse des prévisions d’inflation ne fait que renforcer nos attentes d’une hausse de 75 points de base lors de la réunion de politique monétaire de la semaine prochaine », renchérit BMO.

La banque centrale a une cible pour l’inflation au pays tournant autour de 1 à 3 % avec un taux médian de 2 %. La plupart des économistes des grandes banques canadiennes prévoient toujours un retour de l’inflation à 2 % d’ici 2024. La semaine dernière, l’économiste de Deloitte Mario Iacobacci brisait le consensus en prévoyant plutôt un retour à la normale en 2025 au plus tôt.

« Pour revenir à la cible, les entreprises ont cité un certain nombre de conditions qui devraient être remplies, notamment des taux d’intérêt plus élevés, l’amélioration des chaînes d’approvisionnement, la baisse des prix du pétrole et la fin du conflit en Ukraine », souligne BMO.

Des hausses de salaire à l’horizon

Au sein des entreprises, la croissance attendue des salaires au cours de l’année prochaine a bondi à 5,8 %, contre 5,2 % au premier trimestre et 4,0 % il y a un an. « Les intentions d’embauche restent élevées, mais la concurrence entre les entreprises a entraîné une hausse des salaires pour attirer et retenir les travailleurs, la plupart des entreprises citant l’augmentation du coût de la vie comme une source importante de croissance des salaires. Pour l’avenir, nous prévoyons que les pressions salariales à la hausse deviendront un thème plus important au cours du second semestre », dit Mme Kaushik, de BMO.