Grandes négligées du capital de risque, les entreprises québécoises combinant créativité et technologie pourront compter sur le premier fonds qui leur est destiné, soit 40 millions gérés par la montréalaise Triptyq Capital.

L’annonce qui sera faite ce jeudi lancera le coup d’envoi de ce fonds qui vise à recruter et à soutenir une vingtaine d’entreprises d’ici quatre ans. La durée des investissements est de 10 ans, ce qui classe ce fonds dans la catégorie des « capitaux patients ».

L’un des fondateurs de Triptyq Capital est Guillaume Thérien, qui a été directeur général de Zú de 2018 à 2021. Ce « hub créatif » fondé par Guy Laliberté est essentiellement un incubateur pour les entreprises du secteur du divertissement. Les deux autres associés de Triptyq sont l’ingénieur et administrateur Bertrand Nepveu ainsi que l’avocat Charles Sylvestre.

Pour M. Thérien, ce fonds de 40 millions destiné à ce qu’il appelle les « industries créatives 4.0 » vient combler un besoin criant. « Les industries créatives étaient mal connues, très mal expliquées, pas très performantes en termes de financement, explique-t-il en entrevue. Effets spéciaux, jeux vidéo, musique, le talent est là, il y a des incubateurs, des lieux de diffusion, des labos, mais l’argent est majoritairement public ou parapublic, en contributions ou en crédits d’impôt. »

Technologies à vendre

Statistiquement, 11 % des entreprises dites « créatives numériques » ont accès à du capital de risque, note-t-il. Il s’agit, dans les deux tiers des cas, d’entreprises qui comptent cinq employés ou moins. « On a voulu remédier à ça. On a fait notre job, et nous voilà. »

Ce que le fonds Triptyq Capital I recherche, ce sont des entreprises en amorçage développant des solutions qui pourront être utilisées par d’autres entreprises créatives. Il ne s’agit donc pas de financer des projets ponctuels — spectacles, œuvres ou expériences –, mais plutôt les technologies. Trois « axes » sont visés : le soutien à la création, les plateformes et protocoles de diffusion et les technologies et les outils de liaison entre les créateurs et leurs audiences.

Aucune entreprise n’a encore formellement été recrutée, précise M. Thérien, qui estime que le contexte est particulièrement prometteur pour les jeunes pousses. « Ça peut effrayer, de voir les actions technos qui descendent, mais c’est dans les crises qu’il est temps de se réinventer […]. Ça devient compliqué pour les grandes entreprises d’innover rapidement. La collaboration avec des start-ups et des entreprises plus agiles, c’est souvent la solution. »

Le métavers, notamment, est une occasion en or pour que des entreprises québécoises s’imposent rapidement. « Il y a eu 13 milliards US investis dans le métavers en 2021 et, seulement dans les premiers mois de 2022, on est à 120 milliards. Il y a une infrastructure énorme et on a le talent, au Québec. »

Ambitieux, mais réalistes

Le cofondateur de Triptyq Capital en est bien conscient, son fonds de 40 millions ne viendra pas concurrencer les géants dans ce domaine, comme Andreessen Horowitz qui a annoncé en mai dernier un fonds de 600 millions US destiné aux jeux dans le métavers.

« On est ambitieux, mais on est modestes et réalistes. On veut être là, jouer dans la cour des grands, être pionniers. On ne peut pas être encore à la remorque. »

Le fonds Triptyq Capital I compte notamment parmi ses partenaires Investissement Québec, le groupe Lune Rouge, la Banque Nationale, Behaviour Interactive et PHI.