Le Québec s’est distingué à quelques égards dans les transports électriques et intelligents (TEI). Encore considéré comme émergent, ce secteur croît néanmoins à une vitesse fulgurante. Pour éviter de se faire doubler, Propulsion Québec propose une feuille de route industrielle, « Ambition TEI 2030 », qui établit huit grands thèmes à privilégier d’ici la fin de l’année. La Presse a pu consulter le document qui sera présenté jeudi. Tour d’horizon.

Ne pas s’éparpiller

Véhicules électriques, composants, batteries… les créneaux sont nombreux. Mieux vaut se concentrer là où l’on excelle et sur les créneaux jugés porteurs, explique Sarah Houde, présidente-directrice générale de Propulsion Québec, organisme qui représente la grappe des TEI.

« On est bons dans l’électrification de nouveaux types de véhicules [chariots élévateurs, balais de rue], dit-elle. C’est vraiment cela, notre créneau. Certains font de l’automobile, nous, c’est autre chose. Les bornes de recharge, les solutions logistiques de mobilité et les infrastructures intelligentes, on se distingue aussi. »

Il a fallu faire des choix, reconnaît Mme Houde. Au terme des consultations, des « choses un peu périphériques », comme les services d’entretien propres aux véhicules autonomes, ont été laissées de côté par l’équipe de Propulsion Québec. Pas nécessairement parce que ces secteurs ne sont pas intéressants, mais parce que le jeu n’en valait pas la chandelle.

La main-d’œuvre et les chercheurs

Partout, cet enjeu est au cœur des priorités et c’est également le cas chez Propulsion Québec. « Tout est à faire », affirme sa présidente-directrice générale.

Le défi est double : les entreprises en croissance ont besoin de personnel et il faut aussi jeter les bases de ce qui permettra de développer un « bassin de talents de classe mondiale ». À l’instar des secteurs comme l’aéronautique et le multimédia, la grappe des TEI souhaite aussi qu’il y ait des bourses afin de séduire les universitaires.

photo edouard plante fréchette, ARCHIVES LA PRESSE

Sarah Houde, présidente-directrice générale de Propulsion Québec

« Les autres secteurs sont plus avancés que nous sur plein d’aspects, que ça soit les chercheurs, les bourses et les infrastructures, souligne Mme Houde. On ne veut pas que tout nous soit livré sur un plateau d’argent. On fait la liste de ce dont nous avons besoin. »

Toujours l’argent

Le problème a déjà été documenté : les jeunes pousses du secteur de l’électrification peinent à obtenir le financement nécessaire pour soutenir leur croissance. Pourtant, ces entreprises doivent grandir si elles veulent demeurer concurrentielles.

« Si tu es le président d’une compagnie dans notre secteur, la question, c’est toujours « comment tu vas réaliser ta prochaine ronde de financement » », raconte la dirigeante de Propulsion Québec.

La feuille de route réitère donc l’objectif entourant la création d’un fonds privé d’investissement et souligne que les TEI ont aussi du pain sur la planche pour faire « connaître les occasions et modèles d’affaires » aux « investisseurs locaux ».

Juste assez de temps

Pourquoi 2030 ? Afin de donner du temps, mais pas trop, à tout le monde, selon Mme Houde. Propulsion Québec voulait offrir un modèle de politique industrielle aux gouvernements alors que les TEI sont en pleine croissance.

« Nos membres nous demandaient de produire quelque chose et de ne pas attendre que le gouvernement le fasse, explique Mme Houde. Ça nous fait une pression commune pour se prendre en main. On ne veut pas se réveiller en 2030 et se dire : « C’est plate, on ne l’avait pas vu venir sur la main-d’œuvre. » On s’adresse à tous les gouvernements. »

La feuille de route est le fruit d’environ un an de travail en collaboration avec la firme Deloitte. Propulsion Québec affirme qu’un « tableau de bord » sera mis en ligne pour « suivre l’évolution » du travail.

En savoir plus
  • 225
    Les 8 grands thèmes de la feuille de route de Propulsion Québec comportent au total 225 initiatives à mettre en œuvre d’ici 2030.
    63 %
    Plus de 6 entreprises du secteur des TEI sur 10 comptent moins de 50 employés. On recense 123 entreprises manufacturières et 54 autres non manufacturières.
    source : propulsion québec