(Saint-Pétersbourg) Le président russe Vladimir Poutine a assuré vendredi que l’offensive russe en Ukraine n’avait aucune influence sur les difficultés économiques mondiales, notamment la hausse des prix de l’énergie, stigmatisant les « erreurs systémiques » de l’Occident.

« Nous entendons tous parler d’une prétendue “inflation de Poutine” […] Nos actions pour libérer le Donbass n’ont rien à voir avec ça », a-t-il affirmé durant la session plénière du forum économique de Saint-Pétersbourg.

« C’est le résultat des erreurs systémiques de l’administration américaine et de la bureaucratie européenne […] Pour eux, notre opération est une bouée de sauvetage qui leur permet de tout nous mettre sur le dos », a poursuivi le président russe, critiquant la « politique économique erronée » des pays occidentaux.

« Ils ont imprimé, distribué de l’argent et ratissé toutes les marchandises des marchés des pays tiers pour cet argent », a-t-il poursuivi.  

Les États-Unis et les pays européens font face à une inflation galopante qui atteint jusqu’à 11 % sur un an au Royaume-Uni, tirée notamment par la hausse des prix du carburant. La Russie n’est pas en reste, avec une augmentation des prix de 16,7 % sur un an.

Les cours du gaz poursuivaient leur envolée vendredi, galvanisés par le géant russe Gazprom qui ne cesse de baisser ses livraisons à l’Europe dans le contexte de l’offensive russe en Ukraine et des sanctions occidentales contre Moscou.

Dans ce même discours, il a une nouvelle fois dénoncé les sanctions « folles et insensées » qu’imposent les Occidentaux à la Russie, estimant que les Européens en souffrent plus que Moscou et que l’économie russe réagissait très bien.

« Nous avons supprimé la poussée de l’inflation […]  La situation économique se stabilise, les finances de l’État sont robustes », a affirmé M. Poutine, assurant que pour les cinq premiers mois de l’année, le budget fédéral de l’État, porté par les cours de l’énergie, « est en surplus de 1500 milliards de roubles » (340 millions de dollars).

« Notre tâche aujourd’hui est de créer les conditions préalables à l’épanouissement de l’industrie, de soutenir la demande sur le marché intérieur », a ajouté le président russe.

Il a également répété que son pays et son armée n’empêchaient pas l’Ukraine d’exporter ses céréales à l’étranger, assurant que Kyiv disposait de beaucoup d’options et que « ce n’est pas nous qui avons miné les ports de la mer Noire ».

L’Ukraine a miné sa côte pour se protéger d’un débarquement militaire de la Russie qui l’a attaquée le 24 février.

L’ONU négocie depuis plusieurs semaines avec Moscou, Kyiv et Ankara, caution militaire d’une utilisation de la mer Noire pour des navires civils, un accord qui permettrait aux millions de tonnes de céréales ukrainiennes bloquées de sortir du pays en sécurité.

Si un accord était trouvé, il ferait baisser les prix des denrées et atténuerait les craintes de crise alimentaire dans le monde.

« La situation sur les marchés mondiaux d’alimentation se détériore, mais ce n’est pas du tout de notre faute », a insisté M. Poutine.

« Nous n’aimerions pas que des gens quelque part, dans quelques pays souffrent de la famine », a-t-il assuré.

Le président russe s’est également dit confiant quant au retour en Russie des entreprises occidentales, notamment européennes, qui ont claqué la porte en raison de l’offensive russe en Ukraine.

« Je ne doute pas qu’avec le temps, plusieurs de nos partenaires des pays européens reviendront sur le marché russe. Et nous ne leur mettrons pas d’entraves. Nous sommes ouverts au monde entier », a-t-il affirmé.